Abus dans l'Eglise: désaccords sur l'indemnisation forfaitaire
Le mode de dédommagement des victimes d’abus sexuels dans un contexte ecclésial en Suisse fait face à des divergences de vue. La Conférence centrale catholique romaine (RKZ) est défavorable à une indemnisation forfaitaire, comme proposée par la commission indépendante CECAR.
La Commission écoute-conciliation-arbitrage-réparation (CECAR), indépendante de l’Eglise, propose qu’un même montant de 15’000 francs soit accordé à toute victime d’abus sexuels dans un contexte ecclésial, quelle que soit la gravité des faits. La RKZ veut continuer, en revanche à faire une distinction entre les cas, rapporte le quotidien La Liberté du 11 octobre 2019. «Nous voulons conserver une graduation dans la gravité des abus», note Daniel Kosch, secrétaire général de la RKZ. Il dément, en outre, que la position de la RKZ soit fondée sur des motifs d’économie. Il relève que dans certains cas, l’indemnisation s’élève à 20’000 francs et dépasse le montant forfaitaire proposé. «Nous voulons garder un système similaire à la justice étatique et ne pas mettre tous les abus sur un pied d’égalité», souligne-t-il.
De son côté, la CECAR estime regrettable qu’avec le système actuel, les victimes doivent «à nouveau se justifier face à la hiérarchie catholique». La plupart vivraient très mal la procédure en vigueur. Sylvie Perrinjaquet, présidente de la CECAR, note qu’il n’y a pas lieu de faire de distinction en fonction du type, du nombre ou de la gravité des abus. «Un enfant abusé une fois peut souffrir tout autant qu’un adulte agressé cinq fois».
La CES favorable au forfait
Daniel Kosch souligne que la convention avec la CECAR arrive à terme en 2021. «Il faudra revoir les règles et rediscuter ces questions», affirme le responsable de l’organisation faîtière des corporations ecclésiastiques.
Il note que l’Union des supérieurs majeurs religieux de Suisse (VOS’USM) est également opposée au système forfaitaire. Avec la RKZ et la Conférence des évêques suisses (CES), la VOS’USM est la troisième instance catholique engagée dans le processus de dédommagement. Selon Laure-Christine Grandjean porte-parole du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), la CES est en revanche favorable au forfait. La conférence épiscopale souhaite également la mise en place d’un dialogue sur le sujet entre les diverses parties. La CECAR a proposé la formation d’un groupe de travail en ce sens. La RKZ a indiqué vouloir, au préalable, s’entretenir avec la CES avant de «clarifier la procédure» à propos d’un éventuel groupe de travail. (cath.ch/lib/rz)