A Lesbos, une visite humanitaire et œcuménique pour dénoncer le drame des migrants
Lors de son bref voyage sur l’île grecque de Lesbos, le 16 avril 2016, le pape François visitera un camp de réfugiés et récitera une prière en mémoire des «victimes des migrations». Cette visite, en compagnie du patriarche de Constantinople Bartholomée 1er et de l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme II, revêt un caractère «strictement humanitaire et œcuménique», a indiqué deux jours plus tôt le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi.
Ce déplacement, le 13e du pape François hors d’Italie, ne durera que quelques heures, sur le modèle de la visite éclair qu’il avait effectuée sur l’île italienne de Lampedusa, en juillet 2013. Il s’envolera de l’aéroport de Rome-Fiumicino à 7h (heure locale, GMT+2) pour atterrir vers 10h20 (heure locale, GMT+3) à Mytilène, où il sera accueilli par le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le patriarche de Constantinople Bartholomée 1er et l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme II. Après une rencontre privée avec le Premier ministre, les trois chefs religieux rejoindront le camp de réfugiés de Mòria, situé à 16 kilomètres de là. Le pape visitera alors avec eux cette structure qui abrite quelque 2’500 demandeurs d’asile.
150’000 migrants
Accueillis par les quelque 150 mineurs qui résident dans le camp, les trois leaders chrétiens rejoindront symboliquement le lieu consacré à l’enregistrement des réfugiés, sous une grande tente où ils salueront un à un 250 demandeurs d’asile. Ils prononceront de brefs discours et signeront une déclaration conjointe avant de déjeuner avec huit réfugiés originaires de divers pays, dont la Syrie, et issus de différentes confessions religieuses. «La préoccupation de l’Eglise catholique pour les migrants va au-delà des confessions religieuses», a souligné devant la presse le Père Lombardi.
Vers 13h30, les trois chefs religieux rejoindront en minibus le port de Mytilène, situé à 8 km, où ils rencontreront la population et la petite communauté catholique pour faire mémoire des «victimes des migrations». Après un discours du pape, chaque leader religieux récitera une brève prière. Une minute de silence sera ensuite observée. Les chefs religieux recevront de trois enfants des couronnes de fleurs qu’ils jetteront à la mer. Au terme de ces quelques heures sur le sol grec, le pape reprendra l’avion à 15h15 (heure locale, GMT+3) pour rentrer à Rome à 16h30 (heure locale, GMT+2). Il devrait alors prendre la parole devant les 50 journalistes qui l’accompagnent.
D’une superficie de 1’630 km2, Lesbos, située en mer Egée orientale, est la plus grande île grecque après la Crète et l’Eubée et compte près de 9’000 habitants. Sa position géographique, à quelques kilomètres seulement des côtes turques, encourage des milliers de migrants à franchir le détroit de Mytilène pour regagner l’Europe. Depuis début 2016, 150’000 migrants venus principalement du Moyen-Orient et d’Asie auraient déjà transité par les îles égéennes. Dans le même temps, plusieurs centaines ont péri en mer.
Un moment critique
La visite du pape à Lesbos survient à un moment critique, peu après l’entrée en vigueur de l’accord controversé entre l’Union européenne et la Turquie. Il prévoit que tout migrant arrivé en Grèce après le 20 mars et n’ayant pas fait de demande d’asile, ou dont la demande a été rejetée, soit renvoyé en Turquie. Depuis, les demandes d’asile ont explosé. Dans le même temps, plus de 300 migrants ont déjà été reconduits vers la Turquie. Cet accord a été vivement critiqué par le Saint-Siège, mais aussi de nombreuses ONG, qui dénoncent une violation du droit international.
Les conditions de vie déplorables à l’intérieur du hotspot de Mòria, transformé en centre de rétention, ont conduit plusieurs ONG à quitter les lieux en signe de protestation. Amnesty international déplore que les personnes détenues à Lesbos n’aient presque aucune information sur leur statut actuel et un accès limité à une assistance juridique. (cath.ch-apic/imedia/ak/bl/rz)