Le Père Nikodemus Schnabel, Abbé de l'abbaye bénédictine de la Dormition, à Jérusalem | ©  oessh
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A Jérusalem, au Mur des Lamentations, la croix gêne, une nouvelle fois

A Jérusalem, au Mur Occidental ou «Mur des Lamentations», la croix, une nouvelle fois, gêne. Une employée de l’organisme en charge de l’esplanade du Mur Occidental a demandé à l’Abbé de l’abbaye de la Dormition à Jérusalem de couvrir sa croix pectorale. Ce n’est pas la première fois que ce genre d’incident se produit, relève le site terresainte.net.

Mercredi 19 juillet au matin, une employée de la Fondation du Patrimoine du Mur Occidental (ou du Kotel), un organisme gouvernemental israélien, a demandé à l’Abbé Nikodemus Schnabel de couvrir la croix qu’il portait autour du cou, alors qu’il accompagnait la visite de la ministre fédérale allemande de l’Education et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger. L’incident a été filmé et partagé par le journaliste du magazine allemand Der Spiegel.

«Vous ne voulez pas que je m’habille selon ma foi, c’est la réalité !»

Dans la vidéo, on entend l’employée de l’organisme en charge de la gestion du Mur, dire à l’Abbé que sa croix pectorale est «vraiment grande et inappropriée pour cet endroit», avant de lui demander de la couvrir. «C’est très dur, vous ne respectez pas ma religion. Vous me privez d’un droit fondamental, a refusé le Père Schnabel, visiblement énervé. Ce n’est pas une provocation, je suis un Abbé. C’est mon habit… La croix en fait partie. Je suis un Abbé catholique. Vous ne voulez pas que je m’habille selon ma foi, c’est la réalité !». Le groupe a pu poursuivre sa visite malgré l’incident.

Excuses de la Fondation du Patrimoine du Mur Occidental

La Fondation du Patrimoine du Mur Occidental s’est excusée «pour la détresse occasionnée», soulignant que la demande de l’employée était polie et visait à «éviter toute gêne». Comprendre: éviter les crachats, de plus en plus récurrents contre les symboles chrétiens à Jérusalem, rappelle le site appartenant à la Custodie franciscaine de Terre Sainte.

Augmentation des actes antichrétiens en Israël et à Jérusalem

La Fondation du Patrimoine du Kotel a tenu à rappeler que «le Mur Occidental est ouvert à tous», et «qu’il n’existe aucune réglementation en la matière sur la place du Mur Occidental».

Ce n’est pas la première fois que de tels incidents se produisent sur l’esplanade du Mur des Lamentations, lieu le plus saint du judaïsme, géré par un rabbinat orthodoxe. En 2007, des évêques autrichiens se sont vus refuser l’entrée suite à leur refus d’enlever les croix qu’ils portaient sur le torse. En 2009, le rabbin de l’esplanade a même demandé au pape d’y venir sans sa croix.

Il est «douloureux de voir comment le climat dans cette merveilleuse ville change de plus en plus pour le pire sous le nouveau gouvernement [israélien, ndlr]», a commenté l’Abbé Schnabel sur Twitter. La Custodie de Terre Sainte documente les incivilités quotidiennes dont les religieux chrétiens sont de plus en plus souvent la cible de la part d’une partie de juifs de plus en plus intolérants.

Des crachats fréquents

Ces gestes de haine ne sont ni isolés ni nouveaux. Le phénomène connaît cependant une croissance exponentielle ces derniers mois. Les rapports de police les justifient régulièrement par «l’instabilité mentale» de leurs auteurs. «Ce n’est pas vrai», explique le journaliste israélien Yossi Levi, qui s’est immergé dans le quotidien d’un prêtre à Jérusalem pour enquêter sur la multiplication des gestes anti-chrétiens dans le pays. Habillé de la bure franciscaine, il s’est fait cracher dessus seulement 5 minutes après avoir commencé à déambuler dans la vieille ville de Jérusalem. (cath.ch/terresainte.net/be)

Le Père Nikodemus Schnabel, Abbé de l'abbaye bénédictine de la Dormition, à Jérusalem | © oessh
20 juillet 2023 | 09:40
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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