La messe interculturelle à Fribourg a été un moment de prière et de fraternité | © Raphaël Zbinden
Suisse

À Fribourg, l’universalité de l’Église célébrée pour le Carême

Le 8 mars, 2025, l’église St-Pierre à Fribourg a résonné de prières et de chants en de multiples langues. Une messe interculturelle a été célébrée pour la première fois pour le début de la période de Carême.

Alors que les chanteuses africaines commencent à frapper des mains, elles sont imitées par la centaine de personnes présentes dans l’église St-Pierre. Peu après, à l’occasion du Notre-Père, les fidèles présents forment une immense chaîne en se tenant par la main. «Nous sommes réunis ici sous le signe de la fraternité et de l’espérance», annonce au début de la messe Cristian Clopotel, aumônier de la Mission italophone.

Unité dans la diversité

Cinq communautés culturelles et linguistiques de la région fribourgeoise (lusophone, italophone, africaine, hispanophone et philippine, avec des catholiques du Liban) participent à cette célébration. Il s’agit de la première du genre à l’occasion du Carême, précise à cath.ch Veronica Havran, de la pastorale interculturelle. Une messe des peuples a déjà lieu depuis un certain temps en automne. «Mais nous trouvions que cela valait la peine de vivre un autre temps fort ensemble dans l’année. Et la période de Carême nous a semblé appropriée pour ça.»

Imposition des cendres à la messe interculturelle du 8 mars 2025, à Fribourg | © Raphaël Zbinden

La célébration a mis en exergue la diversité des cultures au sein de l’Église. Les lectures se sont déployées dans diverses langues du monde, avec une traduction en français sur écran. «Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence: tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent» (Romains 10-12), a-t-il été notamment été lu en lingala, l’une des principales langues de la République démocratique du Congo (RDC). Des textes de l’Ancien Testament ont également été prononcés en arabe et en portugais.

La vraie identité

L’abbé Charbel Khachan, prêtre auxiliaire au sein du décanat de Fribourg, originaire du Liban, centre son homélie sur l’universalité du Christ, en lien avec l’Évangile de dimanche consacré aux tentations de Jésus au désert.

La messe interculturelle a réuni une centaine de personnes le 8 mars 2025 à l’église St-Pierre de Fribourg | © Raphaël Zbinden

La demande de Satan de transformer les pierres en pain soulève la question de l’identité, souligne l’abbé Khachan. «Car l’homme ne se nourrit pas que de pain, loin de Dieu nous ne sommes que poussière et c’est notre dignité qui transcende toutes les distinctions humaines (…) Notre vraie identité n’est pas liée à nos besoins humains ou à notre appartenance géographique, mais au fait que nous sommes tous filles et fils du Père céleste.»

Le tentateur propose aussi à Jésus de lui offrir tous les royaumes de la terre. Pour le prêtre d’origine libanaise, cela interroge la fidélité. «Car nous avons besoin de l’aide divine pour rester forts dans nos choix.» Enfin, la mise à l’épreuve du Christ, exhorté à faire appel à Dieu pour le sauver, renvoie à l’intégrité. «Cela signifie une cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait (…) il est impossible de croire à moitié». Alors que Jésus renonce à tout pouvoir, ce passage de la Bible nous enjoint à ne pas «utiliser notre foi pour justifier des enseignements contraires à la Loi de Dieu».

Les prêtres ayant participé à la célébration sont: Charbel Khachan, prêtre auxiliaire du décanat de Fribourg et aumônier au sein du pôle aumônerie hôpitaux du service solidarités; Cristian Clopotel, aumônier de la communauté italophone de Fribourg; Flavien Adekpoe, vicaire de la paroisse St-Paul de Fribourg; Daniele Colautti, curé de la Mission lusophone à Fribourg. RZ

Après quelques épisodes musicaux offerts par des chorales portugaise et africaine, des intentions de prière sont lancées une nouvelle fois dans plusieurs langues. «Pour les gouvernants du monde, afin qu’ils ne désespèrent pas et qu’ils mènent des politiques qui respectent la dignité de chacun, apportant ainsi à leurs peuples paix et justice», relève notamment un texte lu en arabe.

Une démarche d’intégration

La célébration se termine par l’imposition des cendres, marquant l’entrée en Carême. «Le temps de Carême nous invite à discerner ce qui compte vraiment dans notre vie», rappelle l’abbé Charbel Khachan.

De g. à d. l’abbé Charbel Khachan, l’abbé Daniele Colautti, l’abbé Flavien Adekpoe, l’abbé Cristian Clopotel -messe interculturelle Fribourg, le 8 mars 2025 | © Raphaël Zbinden

«C’est toujours un plaisir de chanter devant d’autres communautés, confie à cath.ch Rachel, originaire de RDC et membre de la chorale africaine. Ces rencontre sont toujours très enrichissantes, elles nous rappellent que l’Église est universelle et que nous sommes tous enfants du même Père.»

Veronica Havran souligne à quel point ces événements sont importants pour l’intégration des communautés linguistiques dans le tissu ecclésial local. Constatant la bonne participation des communautés déjà bien établies, elle a le souhait d’intéresser des groupes de population arrivés de façon plus tardive, tels que les Érythréens. (cath.ch/rz)

La messe interculturelle à Fribourg a été un moment de prière et de fraternité | © Raphaël Zbinden
9 mars 2025 | 14:47
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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