Le 24 février, les fidèles ont prié pour le pape François lors d'une messe en plein air, place de la Constitution | ©  Sebastian Motta
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A Buenos Aires, les Argentins prient pour le pape

«Pape François, la ville prie pour toi.» Ce message, associé à la photo du souverain pontife, a illuminé l’obélisque de Buenos Aires, en plein cœur de la ville d’origine du 266e pontife, du 19 au 24 février 2025.  

Benoît Drevet, à Buenos Aires, pour cath.ch / Photos: Sebastian Motta

L’état de santé du pape François annoncé «critique» par le Vatican depuis plusieurs jours a fait frémir la capitale argentine. Plusieurs messes lui ont été dédiées ces derniers jours. Comme le 20 février, à la paroisse de la Vierge des Miracles de Caacupé au cœur de la Villa 21-24, un bidonville au sud de la capitale argentine, où Jorge Mario Bergoglio avait l’habitude d’aller à la rencontre des habitants.

Les fidèles ont prié pour le pape à l'occasion de la messe célébrée sur la place de la Constitution, à Buenos-Aires | © Sebastian Motta

Dimanche, la messe du matin à la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires a également invité à prier pour la santé du Saint-Père. Mais l’édifice n’a cependant pas fait le plein. Lundi 24 février, jour de pluie, l’archevêque de Buenos Aires, Mgr Garcia Cuerva a convoqué une messe en plein air sur la Plaza Constitución, au cœur d’un quartier réputé pour son insécurité et la prostitution, en fin d’après-midi.

«Nous célébrons aujourd’hui cette messe pour la santé du pape en cette place sur laquelle, plus d’une fois, François, quand il était le cardinal Bergoglio, disait que ‘beaucoup font les sourds et qu’ils refusent d’écouter la clameur, les cris des victimes de l’injustice et de l’exclusion’», a lancé l’archevêque de Buenos Aires, entouré par une dizaine d’évêques dont le cardinal Mario Poli. «Il a dans son cœur beaucoup de choses qui font de lui un vrai Argentin et un vrai Porteño (habitant de Buenos Aires, ndlr)», a souligné l’archevêque.

De manière surprenante, la foule était plutôt éparse pour prier pour le pape. Seuls quelques centaines de fidèles avaient fait le déplacement. Des pancartes de soutien, des drapeaux argentins, un du Vatican, une statue de la vierge Marie rendaient ce soutien visible au milieu des soutanes et robes des quelque dizaines de prêtres et de religieuses venus des quatre coins de l’agglomération, sous la surveillance de la police et des pompiers.

«C’est un grand humaniste»

Longs cheveux gris, lunettes et parapluie au bras, Rosalia Omoldi, 78 ans, est venue prier pour le pape. Alors que les chants et les tambours résonnent à la fin de la messe, elle dit avoir croisé Jorge Mario Bergoglio lors de plusieurs messes à Buenos Aires. Venue avec une image de la Vierge, elle explique prier pour «qu’il récupère parce que nous l’apprécions beaucoup, c’est un grand humaniste». Elle se dit «fière qu’il ait toujours, comme le Christ, choisi le camp des pauvres et des marginaux».

Les habitants du quartier Flores et de Buenos Aires se sont rassemblés à la basilique San Jose de Flores, dans le quartier d’enfance du pape François | © Sebastian Motta

Sœur Sandra, missionnaire de Saint-Pierre Claver, la cinquantaine, voit le pape «comme un être humain incroyable qui nous regarde tous et nous aime sans distinction».

«Le pape adore les ‘dulce de leche’

‘Missionnaire’ laïque portant une photo du pape épinglée à son pull gris, Marita Lopez, 73 ans, connaît personnellement le pape depuis vingt ans: «Il venait souvent à notre paroisse de San Cayetano dans le quartier de Belgrano pour la fête patronale.» Pour Marita, François est «un pape universel, le pape de tous, qui allait rencontrer les gens dans la rue», précisant en riant qu’il adore les tartes au ›dulce de leche’ (confiture de lait, NDLR), «une vraie spécialité argentine. La dernière fois que je l’ai vu, peu de temps avant qu’il parte au Vatican, il m’a demandé s’il pouvait avoir une part supplémentaire», dit-elle avec un grand sourire aux lèvres.

«Je demande à Jésus qu’il puisse continuer son rôle à la tête de l’Église et nous voulons l’accompagner dans son épreuve», souffle sœur Lorena, 51 ans, originaire de la ville de Mendoza, à l’Ouest de l’Argentine, dominicaine de l’ordre de Saint-Catherine de Sienne. Elle raconte l’avoir rencontré en 2010, et avoir été «marquée par sa simplicité et sa capacité à dialoguer avec tous ». Elle se rappelle l’avoir «croisé dans le métro de Buenos Aires comme une personne normale alors qu’il était déjà cardinal. C’est un vrai Porteño».

A la basilique San Jose de Flores, les fidèles prient pour le pape devant l’autel qu’il a offert aux paroissiens | © Sebastain Motta

Dans le quartier de Flores

A Florès, un quartier résidentiel de la classe moyenne, se trouve la maison natale du pape François. Elle est à cinq minutes à pied de la basilique San-José-de-Florès. Rencontrée dans cette église où elle s’est rendue pour réciter un rosaire pour le pape, Rosa Andrade, 79 ans, a connu Jorge Mario Bergoglio alors qu’il était prêtre. «Il venait souvent ici, quand il était jeune homme, puis il est rentré au séminaire qui est sur l’avenue à proximité», raconte Rosa qui l’a vu ensuite revenir célébrer des messes dans cette basilique quand il était évêque, puis archevêque et enfin cardinal. «Il est très aimable, généreux et attentionné, il passait beaucoup de temps à la cathédrale pour confesser les gens», raconte Rosa.

Son amie, Irène, la quarantaine et les cheveux courts, se rappelle avant tout qu’il «passait beaucoup de temps à arpenter les bidonvilles de Buenos Aires pour être proche des gens les plus humbles». Quelques heures plus tard, la basilique est remplie aux trois quarts pour prier pour l’enfant du quartier devenu chef de l’Église catholique.

Ordonné par Jorge Mario Bergoglio

«La première fois que je l’ai vu, c’était à la sortie d’une messe. J’étais enfant et avec ma famille, explique le vicaire Patricio Ossoinak, 39 ans. Lui était déjà cardinal et nous a demandé de prier pour lui comme il le fait toujours.» Un de ses sermons tenus sur la plaza Miserere, l’a particulièrement marqué et influencé: «J’étais adolescent et avec mes amis. La place était remplie de jeunes», se remémore-t-il. «Il nous a invité à vivre la vie en plénitude sans se laisser entraîner par les nombreuses choses qui détruisent la vie alors que le monde a tant à offrir.» 

Le Père Patricio Ossoinak se souvient du cardinal Bergoglio qui saluait les fidèles à la sortie de la messe | © Sebastian Motta

Le Père Martin Bourdieu, ordonné prêtre en 2004 par Jorge Mario Bergoglio, remarque que «s’il n’a jusqu’ici jamais pu revenir sur sa terre natale, le pape François n’en a pas oublié ses racines. «Nous le connaissons très bien, et il prend des nouvelles régulièrement, il veut tout savoir de sa paroisse. Il la chérit énormément».

«L’Ange de Flores»

Lorsque la messe se termine, Vilma Hernandez sort parmi les premières de la messe, en s’appuyant fébrilement sur sa canne, avançant à petit pas. Elle appelle le pape François, «l’Ange de Florès». Les larmes aux yeux, elle raconte émue «ne pas avoir prié pour qu’il survivre, mais pour qu’il parte sans souffrir, s’il doit partir». Celui qu’elle trouve si humain a «déjà bien accompli son devoir».

Mais le pape est-il vraiment prophète en son pays? On pourrait peut-être se poser la question face à  l’absence de foules massives lors des messes dites pour lui. «C’est un pape de gauche, ça ne plaît pas à tout le monde», souffle un autre habitant du quartier qui sort de la messe où il n’était pas venu spécialement pour prier pour lui. Retraité de 78 ans, Ruben Vivian, confie quand même «être très fier» de l’ascension de l’enfant du quartier qu’il a connu tout jeune. (cath.ch/bd/mp)

Le 24 février, les fidèles ont prié pour le pape François lors d'une messe en plein air, place de la Constitution | © Sebastian Motta
28 février 2025 | 14:26
par Rédaction
Temps de lecture : env. 5  min.
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