A Ajaccio, la peur s'est installée dans la communauté musulmane

Aux cris de «On est chez nous… Arabi fora» (les Arabes, dehors) un groupe d’individus excités, qui avaient participé le jour de Noël à une manifestation de soutien aux pompiers et au policier agressés la veille par une bande de jeunes masqués dans la cité du quartier des Jardins de l’Empereur, à Ajaccio, ont mis à sac une salle de prière musulmane et ont brûlé des exemplaires du Coran.

L’expédition punitive, qui a commis d’autres déprédations dans le quartier, s’en est également prise à un restaurant kebab.

Alors que la peur s’est installée dans la communauté musulmane, Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, a tenté de calmer le jeu. Il a appelé à ne pas alimenter une spirale de violence et d’intolérance vis-à-vis de la population musulmane.

L’évêque d’Ajaccio veut calmer le jeu

«Le guet-apens mené contre deux sapeurs-pompiers et un policier à Ajaccio n’est pas acceptable. Cette agression a suscité dans la population ajaccienne une grande émotion qui est légitime. J’invite cependant à ne pas tomber dans l’escalade de la violence et à ne pas faire l’amalgame entre la communauté musulmane et quelques délinquants qui doivent être sanctionnés par la justice».

Il a souligné que le saccage d’un lieu de prière musulman ne peut qu’engendrer un sentiment d’injustice et inciter à la haine. «Alors que dans de nombreuses régions du monde règnent l’intolérance et la violence, montrons la capacité de la Corse à préserver la paix!», a-t-il insisté.

Portes ouvertes dans les mosquées les 9 et 10 janvier

De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé, samedi 26 décembre, qu’il demandera aux responsables des mosquées de France d’ouvrir leurs portes au grand public les 9 et 10 janvier. Anouar Kbibech, président du CFCM, relève que si l’objectif est de commémorer l’esprit du 11 janvier, un an après les attentats islamistes en région parisienne, «les événements d’Ajaccio donnent encore plus de relief à notre initiative, car le lien qui a été fait par certains entre l’agression des pompiers et l’islam, avec à la clé une salle de prière saccagée et des Corans brûlés, est insupportable».

Il relève qu’à l’époque des attentats de janvier dernier contre la rédaction de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, «des mosquées avaient déjà ouvert leurs portes en Rhône-Alpes, et cette initiative avait été beaucoup appréciée. Mais, cette fois, nous souhaitons étendre ces rencontres à l’ensemble du territoire français». L’Observatoire national contre l’islamophobie du CFCM a dénoncé l’agression contre le lieu de culte musulman d’Ajaccio, qui a eu lieu «en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens». (cath.ch-apic/be)