Avec le film "Quo Vadis, Aida?", la réalisatrice bosnienne Jasmila Žbanić donne un visage à toutes les vies brisées par des conflits | © High on films
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FIFF 2021: «Quo vadis, Aida?», pépite dans une belle sélection

Parmi les 139 films sélectionnés lors du 35e Festival international du film de Fribourg, du 16 au 25 juillet 2021, »Quo vadis, Aida?» retiendra sans doute l’attention du Jury œcuménique. Le long métrage, plusieurs fois primé, raconte l’histoire d’une interprète bosniaque prise dans le tourbillon de la guerre d’ex-Yougoslavie dans les années 1990.

Le Festival international du Film de Fribourg (FIFF), qui a levé le 21 juin le voile sur sa programmation, propose cette année six premières mondiales, trois internationales, six européennes et trente-huit premières suisses, annoncent ses organisateurs dans un communiqué.

Les douze longs métrages et les seize courts métrages de la section «Compétitions internationales» sont autant d’incursions en Asie, Afrique, Amérique latine et Europe de l’Est. 

Parmi ceux-ci, le Jury œcuménique de SIGNIS (Association catholique mondiale pour la communication) et d’INTERFILM (organisation internationale protestante pour le cinéma) pourrait bien garder un œil attentif à Quo vadis, Aida? (Où vas-tu, Aida ?) , le long-métrage de fiction de Jasmila Žbanic, une réalisatrice bosnienne qui en signe, et le scénario, et la réalisation. 

Le récit d’un cauchemar

Née à Sarajevo le 19 décembre 1974, Jasmila Žbanić y raconte le parcours d’Aida, professeure d’anglais et mère de famille bosniaque recrutée comme traductrice pour les Nations Unies. Le récit qui s’avère rapidement être celui d’un cauchemar démarre à Srebrenica, le 11 juillet 1995, lorsque l’armée serbe assiège la ville et que son mari et ses deux fils cherchent refuge auprès des Casques bleus, parmi des milliers d’autres civils. 

Présenté en ouverture de la compétition de la Mostra de Venise 2020 et nommé pour l’Oscar du meilleur film international en 2021 et pour deux BAFTA (British Academy Film Awards), le film dresse le portrait d’une femme au courage exemplaire qui tente simplement de sauver sa famille.

Un regard féministe sur la guerre

Face à cette interprète prise dans le tourbillon sanglant de la guerre, la réalisatrice a fait le choix de mettre au cœur de son récit l’humain plutôt que la politique, un choix qui donne un visage et rend hommage à toutes les vies brisées par des conflits. Jasmila Žbanić porte aussi son regard «féministe» sur ce «jeu d’hommes» qu’est la guerre. Pour dresser un réquisitoire sans concession sur la responsabilité de l’Onu dans le massacre de Srebrenica.

Car c’est l’histoire de l’un des crimes de guerre les plus atroces commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale qu’évoque ce film, un film d’ailleurs fortement déconseillé aux personnes sensibles, avertit le FIFF sur son site Internet. L’histoire glaçante du massacre de plus de 8000 hommes bosniaques musulmans par l’armée serbe. Un évènement tragique qui continue de diviser les puissances du monde entier, plus de vingt ans après les faits.

L’attention aux valeurs humaines

Intéressé par les qualités tant artistiques que formelles des films en compétition, le Jury œcuménique remettra à l’issue de cette 35e édition un prix de fr. 5’000, offert conjointement par Action de Carême et Pain pour le prochain. Une récompense qui vise à attirer l’attention sur les valeurs humaines, le sens de la justice et les dimensions spirituelles de ces films, des valeurs qui reflètent l’engagement des deux organismes et qui sont aussi celles de l’Evangile. (cath.ch/cp)

Jasmila Žbanic: une filmographie très engagée et souvent primée
2014 Un jour à Sarajevo (One Day in Sarajevo), documentaire.
2014 Love Island (sélectionné au Festival de Locarno)
2013 For Those Who Can Tell No Tales
2010 On the Path (selectionné à la Berlinale)
2006 Sarajevo, mon amour (Ours d’Or à la Berlinale)

Avec le film «Quo Vadis, Aida?», la réalisatrice bosnienne Jasmila Žbanić donne un visage à toutes les vies brisées par des conflits | © High on films
21 juin 2021 | 18:25
par Carole Pirker
Temps de lecture : env. 2  min.
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