Brésil: les évêques rejettent toute amnistie pour les élus corrompus
La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a manifesté son rejet de toute possibilité d’amnistie dans le cadre du scandale de corruption baptisé «Caisse deux» (Caixa Dois), lié à des financements occultes et illégaux de campagnes électorales.
«Nous vivons une profonde crise de confiance institutionnelle, en particulier à l’égard des Pouvoirs de la République», affirme la CNBB dans un communiqué officiel du 28 novembre 2016. Des informations indiquant que l’Assemblée nationale serait sur le point de voter un texte permettant d’amnistier les élus impliqués dans «Caisse Deux» ont été reçues avec indignation par le peuple brésilien, avertissent les prélats.
Valoriser la conscience politique
Dans le document, la CNBB rappelle qu’elle a toujours participé, comme d’autres institutions démocratiques, aux efforts pour valoriser la conscience politique. Loi contre l’achat de votes en 1999, loi dite de la «Fiche propre» en 2010, etc… «Et plus récemment, la CNBB a participé au mouvement qui a demandé et obtenu la déclaration d’anti-constitutionnalité du financement des campagnes électorales par les entreprises», rappellent les évêques.
»Un affront pour le pays»
Alors que le texte de loi est présenté ce mardi 29 novembre au vote des parlementaires, les membres de la CNBB, «fidèles à l’Histoire et à l’engagement avec l’Evangile», espèrent que les membres du Congrès National n’appuieront pas un tel «affront à la dignité» du pays. «Ce serait inacceptable pour les parlementaires qui prêchent l’honnêteté et le respect du mandat confié d’approuver un tel projet».
Les évêques soulignent également que les politiques doivent «se laisser guider, pour cette question, uniquement par l’éthique». Le communiqué rappelle enfin l’urgence d’une sérieuse réforme politique qui ne soit pas simplement limitée dans le temps, mais large et débattue avec l’ensemble de la société».
Corruption généralisée
Actuellement, la pratique de la «Caisse Deux» est passible de cinq ans d’emprisonnement. Dans les faits pourtant, les politiques impliqués ont rarement été inquiétés, aussi bien sous les gouvernements de Luiz Ignacio Lula da Silva que de Dilma Rousseff. Selon les observateurs politiques brésiliens, à l’exception des deux partis politiques que sont-le Parti Socialisme et Liberté (Psol) et Rede, présidé par l’ex-ministre de l’environnement et évangélique Marina Silva, l’ensemble de la classe politique pourrait être inquiété par des enquêtes sur des financements illégaux concernant les campagnes électorales 2012 et 2014. (cath.ch/jcg/rz)