Comment les 12 réfugiés ramenés à Rome par le pape ont été sélectionnés
Comment les 12 réfugiés ramenés à Rome par le pape ont-ils été sélectionnés? C’est la question que tout le monde se pose, après le geste spectaculaire du pape François, le 16 avril 2016, d’amener à Rome, à bord de l’avion papal, 12 réfugiés syriens bloqués sur l’île grecque de Lesbos. Pourquoi sont-ils tous musulmans? Que vont-ils devenir, désormais? Pour en savoir plus, l’agence I.MEDIA a interrogé Roberto Zuccolini, porte-parole de la communauté Sant’Egidio, l’un des principaux acteurs de cette négociation entre autorités grecques, vaticanes et italiennes.
Une négociation éclair de quelques jours a été opérée entre la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, le gouvernement grec et l’Etat italien, avec la collaboration de la communauté catholique Sant’Egidio, basée à Rome et experte reconnue dans l’accueil des réfugiés. Trois à cinq jours avant la visite du pape, explique Roberto Zuccolini, des représentants des autorités vaticanes et grecques se sont rendus à Lesbos afin de pouvoir rencontrer et sélectionner les réfugiés, au sein du camp ouvert de Kara Tepe. Privilégiant les familles, le Vatican a tenu à choisir des réfugiés enregistrés en Grèce avant le 20 mars, date de l’entrée en vigueur de l’accord Turquie-UE. A compter de cette date, en effet, l’accord oblige les migrants n’ayant pas obtenu l’asile ou n’ayant pas fait de demande, à être rapatriés en Turquie.
Aucun tirage au sort
«Seul un petit nombre de familles étaient enregistrées avant le 20 mars, poursuit le porte-parole de Sant’Egidio, dont ces trois familles. Le choix a donc presque été obligatoire». Il n’y a eu aucun tirage au sort, insiste Roberto Zuccolini, contrairement à ce qu’a affirmé une partie de la presse grecque. Les autres critères de sélection? Avoir des papiers d’identité en règle, et être dans des conditions particulièrement vulnérables. C’était le cas pour ces trois familles dont les maisons avaient été bombardées, ou ayant fui des territoires contrôlés par les djihadistes de Daech.
Le pape a par ailleurs expliqué qu’il y avait deux familles chrétiennes dans une première liste de réfugiés sélectionnés, mais que leurs papiers n’étaient pas en règle. Une grande majorité des réfugiés des camps de Lesbos sont, par ailleurs, de confession musulmane. Sur place, il y a eu des entretiens, mais rapides, avec les familles de réfugiés syriens choisies pour partir avec le pape.
Déménagement prévu au Vatican
Dès leur arrivée à l’aéroport romain de Ciampino, les familles ont été entendues par la police italienne pour une longue procédure d’identification. A présent, chacune dispose d’un petit appartement dans la «Maison du refuge» de Sant’Egidio, un immeuble du quartier romain du Trastevere, près du siège de la communauté. Cette structure accueille déjà 80 personnes, dont d’autres familles de Syriens récemment arrivées du Liban grâce au couloir humanitaire mis en place par Sant’Egidio et d’autres organisations religieuses, avec le soutien de l’Italie. Ce centre accueille aussi des sans-logis et des personnes âgées.
Tous ont entamé des démarches pour une demande d’asile en Italie. En attendant, ils ont pris leur premier cours d’italien dans une école d’intégration pour les immigrés tenue depuis 30 ans par Sant’Egidio. Ils n’ont cependant pas vocation à rester dans le Trastevere: «ils sont avant tout hôtes du Vatican», rappelle Roberto Zuccolini. D’ici quelques jours ou semaines, ils devraient déménager dans des appartements plus spacieux appartenant au Vatican, comme les deux familles de réfugiés syriens chrétiens déjà accueillies depuis l’automne. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)