Genève: Les chrétiens évangéliques dénoncent à l’ONU la traite humaine en Suisse
1’500 à 3’000 nouvelles victimes chaque année
Genève, 3 mai 2012 (Apic) La prostitution des mineurs n’est toujours pas interdite en Suisse, dénoncent des chrétiens évangéliques. Un rapport présenté à l’ONU par l’Alliance évangélique mondiale, le Réseau évangélique suisse (RES) et la Mission chrétienne pour les pays de l’Est (MCE) analyse les progrès réalisés par la Suisse en matière de lutte contre la traite humaine. S’il souligne des avancées, il réclame de passer à la vitesse supérieure.
Chaque année, 1’500 à 3’000 personnes sont de nouvelles victimes de la traite en Suisse, selon les estimations officielles. Dans le cadre de l’Examen Périodique Universel mené par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en 2008, la Suisse avait été sommée de mettre en place une stratégie globale qui comprenne des mesures de prévention en matière de traite et d’exploitation sexuelle des femmes et des filles. Elle devait aussi instaurer des poursuites et des peines contre les coupables, et un accroissement de la coopération régionale et internationale. La Suisse s’était engagée à mettre en œuvre cette recommandation, précise un communiqué du RES du 3 mai.
Prostitution des mineurs toujours autorisée
La prostitution des mineurs n’est toujours pas interdite en Suisse. Certains cantons ont franchi le pas. Mais au plan fédéral, la prostitution de jeunes de 16 ou 17 ans est légale. Cette situation ouvre la porte à toutes sortes d’exploitations et d’abus, dénoncent les chrétiens évangéliques. Avant que la Suisse passera à nouveau devant le Conseil des droits de l’Homme, en octobre 2012, les institutions évangéliques ont voulu attirer l’attention sur certaines insuffisances dans la stratégie de lutte contre la traite.
Ils signalent toutefois certaines avancées, comme la création d’un groupe de travail bilatéral Suisse-Roumanie contre la traite d’êtres humains.
Des peines dérisoires au vu de l’acte
Les peines infligées (article 182 du Code pénal) aux personnes coupables de traite d’êtres humains sont souvent dérisoires, au vu de la gravité des actes. Les derniers chiffres disponibles indiquent que 80% d’entre eux ne sont pas condamnés à des peines de prison ferme. Les signataires demandent que «les auteurs de ces nouvelles formes d’esclavage soient plus sévèrement punis».
L’industrie du sexe et la pornographie génèrent une demande. Des femmes et parfois des hommes sont alors vendus et exploités. Par leur comportement, les consommateurs souvent inconsciemment contribuent indirectement à ce type d’esclavage. Aux yeux des chrétiens évangéliques, une large campagne de sensibilisation au plan national serait nécessaire.
Encadré
Le Réseau évangélique suisse (RES) regroupe environ 590 Eglises évangéliques et paroisses réformées en Suisse, 170 organisations chrétiennes, ainsi que des membres individuels au sein de 81 sections locales. Avec sa branche alémanique (SEA) et romande (RES), il représente quelque 250’000 chrétiens de conviction évangélique, dont un peu plus de 40’000 pour la Suisse romande. (apic/res/mm/ggc)