Homélie du 3 novembre 2024 (Mc 12, 28-34)
Chanoine Alexandre Ineichen – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice, VS
Quelle belle séquence pédagogique, que l’Évangile de ce dimanche nous présente ! D’abord un scribe, avide d’apprendre comme un élève, comme un disciple, interroge le maître. Jésus lui répond alors avec le plus de précision possible, mais avec une érudition certaine. L’élève, le disciple répète alors la leçon avec ses mots, mais aussi avec le plus d’exactitude possible. Le maître peut alors le féliciter et lui mettre, enfin, une bonne note. Ainsi en est-il de notre vie spirituelle, de l’apprentissage de la vie spirituelle, du chemin avec le Christ, notre maître, notre pédagogue. Aussi reprenons cette séquence, marchons pas à pas au long de cet Evangile.
Creusons en nous la soif de connaissance
D’abord, il y a un de ces scribes : un de ceux qui sans cesse étudient, interprètent et commentent les Saintes Ecritures. Souvent Jésus leur reproche de préférer disserter sur le fenouil ou le cumin plutôt que sur l’amour de Dieu, de préférer pontifier sur la lettre de la Loi à en oublier l’esprit. Parfois, aussi, ces scribes veulent mettre au défi Jésus car ils savent, comme nous le savons aussi, que les Saintes Ecritures ne sont pas un traité de morale, de physique ou de logique, mais une lente accumulation de textes historiques, légaux, prophétiques et poétiques traversés par le souffle du Dieu créateur. Il est facile alors de nous y piéger, mais le Christ, le Verbe de Dieu, ne s’y laisse pas prendre et renvoie dos à dos ces raisonneurs, selon le monde. Ici, nous n’avons pas affaire à ce genre de scribes, à ce genre d’élèves, mais plutôt à quelqu’un qui s’interroge franchement, qui veut savoir, qui veut avancer sur le chemin de la connaissance comme sur celui de la perfection. Sa question est légitime. Nous aussi comme disciples interrogeons Jésus, creusons en nous cette ignorance qui a soif de connaissance et demandons au Verbe de Dieu de nous montrer le chemin, de nous indiquer la route à suivre. N’est-ce pas là l’attitude du bon élève, c’est-à-dire non pas de celui qui croit savoir, mais de celui qui n’en finit pas d’apprendre.
Les Ecritures sont traversées par l’Esprit de Dieu
Par contre, la réponse de Jésus peut nous étonner. Là, aucune originalité – mais les professeurs sont-ils originaux ? Jésus cite tout simplement les Ecritures. Comme vous l’avez sûrement remarqué, il s’agit d’un passage que nous avons, non dans son intégralité, entendu dans la première lecture. D’ailleurs, bien souvent, le Christ renvoie aux Ecritures car, nous venons de le dire, elles sont traversées par l’Esprit de Dieu. C’est pour cela que ces Ecritures sont dites saintes. Nous devons donc sans cesse les lire, les méditer et en vivre. C’est là que nous puiserons ce qui fortifie notre foi, consolide notre espérance et embrase notre charité.
Apprendre la leçon de Jésus de tout notre cœur, de toute notre force, de tout notre esprit
Après la leçon de Jésus, il importe maintenant de l’apprendre, de l’apprendre par cœur, c’est-à-dire de tout notre cœur, de toute notre force et de tout notre esprit, comme le dit bien le maître. Il ne suffit pas de répéter la leçon, mais il faut la faire nôtre, l’incarner dans nos vies, au jour le jour, ici et maintenant. Ce scribe l’a bien compris puisqu’il ajoute – il est un bon érudit – : ce double commandement de l’amour de Dieu et du prochain vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. Cette dernière incise, Jésus ne l’avait pas professée. Mais tout l’enseignement de notre Seigneur y amène et doit nous y conduire. Ce scribe, nous-mêmes, l’avons bien compris. Nous méritons donc une bonne note.
Et Jésus, la lui donne, nous la donne : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » En effet, avec le Christ, nous avons le grand prêtre qu’il nous fallait : saint, sans tâche, sans aucune faute. Si nous suivons la route que Jésus nous indique, que nous avons apprise, que nous avons inscrite sur nos cartes – non pas routières – mais spirituelles, nous arrivons alors jusqu’au royaume promis, au royaume de Dieu. Alors le règne de Dieu peut enfin surgir dans nos vies, dans le monde.
Voilà à quoi sert ce que nous venons d’apprendre : l’avènement ici et maintenant du règne de Dieu, la participation réelle à la vie même de Dieu. Alors, nous pouvons nous taire. « Et personne n’osait plus l’interroger. » Nous pouvons alors partager le pain et le vin, le corps et le sang de notre Seigneur car Dieu s’est engagé par serment et a désigné son Fils pour nous associer à sa vie même. La bonne note pour le bon élève qui répond au bon professeur, c’est Dieu lui-même qui se donne au disciple qui a compris – c’est-à-dire qui a pris pour lui – la leçon de l’unique grand prêtre, de l’unique maître, si intérieur qu’il nous conduit vraiment et réellement au bonheur éternel.
31e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Deutéronome 6, 2-6; Psaume 17; Hébreux 7, 23-28; Marc 12, 28-34
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