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Homélie

Homélie du 3 septembre 2017 (Mt 16, 21-27)

Chanoine Jean-Paul Amoos – Abbaye de Saint-Maurice, VS

Mes sœurs, mes frères, chers auditeurs,

Quels mots avons-nous retenu après avoir entendu l’évangile de ce jour ? La croix ? Souffrir ? Perdre sa vie ? Ces mots sont-ils une bonne nouvelle à annoncer au monde !
Mais, il n’y a pas que ces mots ! Avons-nous remarqué que Jésus parlait de «ressusciter le troisième jour ?» et que le mot «vie» a été prononcé quatre fois ?

Engager sa vie

Lorsque Jésus dit : «Si quelqu’un veut me suivre»,
A qui s’adresse-t-il ? Il s’adresse à ses disciples ! Donc à ceux qui le suivent déjà ! Mais on ne suit pas Jésus comme on défile dans une procession pour ensuite rentrer chez soi. Engager sa vie de façon définitive et complète, c’est faire confiance au « Maître », à sa parole. Suivre le « Maître », c’est exigeant…

On aimerait bien répondre à l’appel de Jésus, on aimerait bien se lancer à l’eau ! Mais avec un gilet de sauvetage, car souvent on ne se sent pas à la hauteur des exigences de Jésus qui nous parle de le suivre en prenant sa croix et en nous avertissant que le chemin sera éprouvant, jusqu’à la perte de sa vie…

Pas n’importe quelle croix !

Mais que les choses soient claires : souffrir et prendre sa croix ce n’est pas le but de la vie ! Il y a des croix qu’il faut éviter et écarter. Aux gens qui meurent de faim ou qui subissent tortures et violence, Jésus n’a jamais dit qu’il fallait accepter et supporter. Il demande à ses disciples de tout faire pour donner à manger à ceux qui ont faim et partager avec eux.
Lorsque Jésus parle de croix, Il ne s’agit pas de n’importe quelle croix ! Surtout pas celles de la maladie, de la perte de travail ou autres épreuves qui nous tombent dessus, non !

Pas d’amour sans croix

La croix proposée aux disciples est celle que Jésus porte déjà avec eux, avant même sa passion, celle de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est crucifiant, mais c’est vital. Il n’y a pas d’amour sans croix, tout le monde peut expérimenter cette vérité. Que ce soit dans le couple, dans sa famille, dans sa communauté religieuse, partout. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de vie sans don échangé, sans mort à soi-même. C’est une loi de la nature : « Si le grain de blé ne meurt, il reste seul… ».

Notre étoile polaire : Jésus

Cette exigence naturelle est celle que Jésus souhaite à son égard, en nous demandant de croire en lui, d’avoir foi en Lui : «Si quelqu’un m’aime dit-il.» Que fait-il ? « Il écoute ma parole et la met en pratique». Faire confiance c’est bien une manière de se renier soi-même, c’est se convertir, se décentrer.
Tout chrétien est appelé à devenir disciple de Jésus le jour de son baptême. Par la plongée dans l’eau, nous mourrons avec le Christ, afin de renaître avec Lui en remontant du baptistère.
C’est Lui, Jésus qui devient notre étoile polaire, c’est lui qui nous indique le chemin de la Vie. Celui qui suit Jésus va vers la Vie, vers la vie divine, la vie trinitaire qui est faite de relations, d’échanges entre le Père le Fils et l’Esprit, chacun recevant de l’autre et se donnant à l’autre.

Convertir notre notion de «toute puissance»

Si nous voulons suivre Jésus, nous devons nous convertir, le faire passer avant nous pour le suivre.
L’exemple, le vécu, de Pierre est caractéristique. Il vient d’être félicité d’avoir dit à «Jésus qu’Il est le Messie, le Fils du Dieu vivant». Une affirmation, une confession révélée par le Père.
Mais voilà que peu après sa confession Pierre se fait traiter de « Satan » ! De celui qui fait tomber. Jésus lui demande de ne pas se mettre sur sa route comme une pierre qui peut le faire trébucher.
Pierre voulait que Jésus échappe à la souffrance, à la croix, à la mort. En voulant dire à Jésus ce qu’il devait faire, c’est lui Pierre qui devenait «chef». Jésus le remet à sa place en le faisant «passer derrière lui»,
La difficulté de Pierre, celle du disciple, la nôtre, c’est de comprendre que Jésus Messie, Fils de Dieu, soit faible. Il faut que Pierre convertisse et évangélise sa notion de «Messie» comme nous-mêmes avons besoin de convertir et d’évangéliser notre notion de «toute puissance» attribuée à Dieu.

Certes, il est vrai que Dieu est «Tout-puissant» c’est ce que nous proclamons dans le «Credo», mais de quelle «toute puissance» s’agit-il ? Une toute puissance à la façon humaine, ou une autre que nous révèle précisément Jésus ? Jésus paraît. Jésus, révélation du Père, se montre faible et ami des pécheurs !
Cette manière de faire de Jésus n’a pas fini de nous interroger. Demandons-Lui de nous donner chaque jour son Esprit pour que nous convertissions nos pensées humaines en nous ouvrant aux siennes.

Retenons surtout que le mot important de l’évangile d’aujourd’hui ce n’est pas «la croix» mais «la vie», au travers de la croix.
Au travers de cette croix du Fils de Dieu, signe levé qui rassemble les nations,
de cette croix du bien aimé, fleuve de paix où s’abreuve toute vie,
de cette croix du Premier-né, qui tue la mort,
et par laquelle nous sommes transformés,
de cette croix, porteuse de Lumière et de vie.


22e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Année A
Lectures bibliques :  
Jérémie 20, 7-9; Psaume : 62, 2, 3-4, 5-6, 8-9; Romains 12, 1-2; Matthieu 16, 21-27


 

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3 septembre 2017 | 09:22
Temps de lecture : env. 4  min.
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