Homélie du 19 novembre 2017 (Mt 25, 14-30 )
Abbé Jean-Claude Dunand – Eglise du Sacré-Cœur, La Chaux-de-Fonds
Les paraboles de Jésus sont bien souvent dérangeantes et celle que nous venons d’entendre ne fait pas exception. Le partage inégalitaire entre les serviteurs et l’invitation au rendement maximum sont des concepts fort peu évangéliques ! C’est l’indice qu’il ne faut pas prendre cette parabole au premier degré !
La vie entre nos mains
A l’époque de Jésus, un talent est un capital très important, une somme d’environ 15 ans de salaire ! Deux ou cinq talents, c’est donc une fortune colossale !
Les talents qui sont si généreusement confiés par le « Maître parti en voyage », – c’est-à-dire Dieu lui-même -, représentent la vie que nous avons reçu gratuitement, le monde à construire, le message de l’évangile à transmettre. C’est dans la perspective du Royaume qui vient, que Dieu a remis entre nos mains la vie pour que nous la fassions fructifier.
Dans la parabole, chacun aussi reçoit à la mesure de ses possibilités. Ce qui importe ce n’est pas le montant mais la capacité de déployer des efforts pour contribuer à la prospérité. Les deux serviteurs qui ont doublé l’apport initial sont félicités de la même manière. Si le troisième avait produit un seul « talent », il aurait eu droit au même compliment.
Dieu nous veut actifs, imaginatifs
Le message de cette parabole est bien que Dieu nous associe à ses affaires, c’est-à-dire à la réalisation de son Royaume. Chacun reçoit sa part de responsabilité. Dieu nous veut actifs, imaginatifs. Il y a tant à faire dans ce monde pour le transformer en un monde meilleur. Et pour cela nous avons toutes et tous reçus des talents. Il s’agit donc de déployer des projets qui conviennent ! Raoul Follereau racontait : « J’ai rêvé qu’un homme se présentait au jugement de Dieu, et il disait : «Tu vois, Seigneur, j’ai obéi à ta loi, je n’ai rien fait de malhonnête, de mauvais… Mes mains sont propres… » – « Sans doute, répondit le Seigneur, sans doute, mais tes mains, elles sont vides ! En fait, tu n’as rien fait, tu n’as rien risqué, rien produit. »
Le Royaume grâce à notre participation et à nos initiatives
Dans la parabole des talents, Jésus nous rappelle que pour être serviteur, il y a des risques à prendre. Retenons donc aujourd’hui que Dieu est sensible à notre manière de nous engager selon nos capacités. Agir concrètement au nom de notre foi, c’est respecter la confiance qu’il a fait en nous donnant la vie. Dieu s’est engagé d’une manière forte en créant l’homme à son image et le rendant participant à son œuvre. Il a été généreux envers nous. Nous avons donc, soutenus par son Esprit, à prendre des initiatives qui portent des fruits, qui changent les choses…
Oui le Seigneur veut construire son Royaume grâce à notre participation et à nos initiatives. Tous projets, aussi variés sont-ils, du plus petits aux plus grands, sont des lieux susceptibles où nous pouvons déployer nos efforts, surtout s’ils sont habités de notre foi en Dieu.
Et voilà une belle manière de lui rendre gloire.
La confiance génère l’audace d’entreprendre !
33e dimanche du temps ordinaire, année A
Lectures bibliques : Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31; Psaume 127, 1-2, 3, 4-5; 1 Thessaloniciens 5, 1-6; Matthieu 25, 14-30
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