Vivent les femmes qui réfléchissent!
Vous imaginez sans doute qu’il existe des groupes de femmes un peu partout dans toutes les entreprises, institutions et industries humaines. Les femmes sont réputées aptes à plus se confier, à plus échanger entre elles, à aborder des questions intimes et à aimer décortiquer entre copines les tenants et les aboutissants de la complexité des relations familiales, amicales et amoureuses.
Il suffit de jeter un coup d’œil aux séries américaines mettant en scène des groupes d’amies discutant à bâtons rompus de tous les sujets sans aucun tabou. Les femmes, à leur manière, empoignent les polémiques et controverses de la vie pour les déchiffrer et les disséquer afin de trouver le moyen de mieux les vivre. Les réalisateurs ont joué sur ce ton intentionnellement frivole – et libre! – prit par les héroïnes des sitcoms américaines lorsqu’elles abordent les sujets les plus sacro-saints.
Autrefois raillés et ridiculisés, ses groupes d’amies ont gagné aujourd’hui une légitimité et une pertinence. La pertinence liée à l’air du temps, il est permis et même conseillé de «se dire». Tout le monde peut aller voir une thérapeute, un psychologue voire une psychiatre sans être taxé immédiatement de fou. Au contraire, à l’instar du sport, cela relève de l’hygiène de vie.
Au sein de l’Église évangélique réformée de notre canton de Berne existe une association de femmes, les Femmes Protestantes (FP). Elles se définissent comme «une association faîtière nationale qui représente les intérêts de près de septante mille membres. Nous sommes résolument bilingues. En collaboration avec notre large réseau, nous faisons avancer une politique d’égalité durable et juste. Nous nous impliquons ainsi activement dans le processus législatif national et participons au développement progressiste de notre Église.»
«Telle est la vision des Femmes Protestantes (FP), celle d’une vie digne et autodéterminée pour toutes et tous»
Vous le voyez, un peu plus qu’un simple brunch ou déjeuner entre amies, cette association réfléchit avec une acuité spécifique aux items brûlants ou pas de notre Église. Car la finalité de leur rencontre dépasse les intérêts personnels pour s’élargir aux intérêts de toute l’Église réformée. Telle est la vision des Femmes Protestantes (FP), celle d’une vie digne et autodéterminée pour toutes et tous. C’est pourquoi elles se captivent dans leur association à favoriser une égalité de droit et de fait des sexes et des genres dans l’Église, la politique et la société.
Justement pour illustrer la mise en œuvre de cette vision, la dernière rencontre de janvier 2025 a abordé le thème des abus dans l’Église évangélique réformée. Un thème, vous en convenez, brûlant. Menée de main de maître par la vice-présidente des FP, Marie-Claude Ischer, une discussion riche de la participation de victimes d’abus, de personnes en charge de ministère et de celles engagées dans l’Église à tous niveaux a permis de dégager quelques pistes et ouvertures de solution. La liberté de parole de ce débat des FP, liberté des femmes à l’introspection, liberté des femmes à la confidence, cette liberté de parole qui a souvent été moquée par des sitcoms, par des expressions populaires méprisantes, cette liberté est devenue source d’une vérité d’expérience libératrice. A l’instar de l’image biblique de ces femmes qui accompagnent, sans fard et avec leur authenticité, dans leur sincérité de foi, le Christ jusqu’au bout de sa passion.
«Ainsi les Femmes Protestantes partagent l’aspiration d’une Église plus fidèle à sa vocation»
La philosophe, Agata Zielinski, condense avec finesse et grâce cette liberté: «La gravité espérante des femmes au pied de la croix est pour moi une boussole dans le chaos des malheurs du monde.» Pour dénouer le chaos des malheurs du monde, les FP encouragent l’Église à sortir de l’entre-soi; rappellent que même si toute institution cherche à se protéger, l’Église n’a pas son centre en elle-même et ne doit pas protéger ses «cadres» au détriment des plus petits; dénoncent le pardon (notion hautement chrétienne) qui risque parfois d’être, d’une part, un acquittement facile des bourreaux, et d’autre part, une exigence incombant aux victimes de pardonner leurs persécuteurs. Ainsi les Femmes Protestantes partagent l’aspiration d’une Église plus fidèle à sa vocation, vivent les femmes qui réfléchissent!
Nadine Manson
5 février 2025
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.