Sauver les meubles ou sauver sa foi?
Que va-t-il nous rester? Pardonnez-moi, je suis sous le choc, alors que je devrais garder ma sérénité, celle conforme au grand-âge, dont on dit qu’il est plein d’expériences. Les siennes bien sûr, mais aussi celles de l’histoire qui l’a précédé et qu’il aurait tort de négliger et encore plus d’oublier.
Que voulez-vous? Je suis écoeuré à lire ou à écouter tant d’informations – et celles de cath.ch ne font pas toujours exception – sur le comportement scandaleux, hypocrite, de Tartuffe de beaucoup de prêtres, condamnés du fait de leur célibat à la dissimulation et à la duplicité. Et les critiques les plus acerbes vont jusqu’à prôner l’élimination pure et simple de cette caste nuisible à l’humanité ou, du moins, de la rendre séculière.
Je ne suis pas convaincu non plus par tous les témoignages contraires que les gens pieux citent à la barre du tribunal de l’opinion. Bien sûr, de «saints prêtres» ont été présents dans notre histoire et il en est encore dans notre Eglise aujourd’hui. Je ne peux que m’en réjouir.
«Le célibat des prêtres ne détient pas pour lui seul les promesses de la vie éternelle»
Mais l’institution du sacerdoce ordonné relève d’une autre histoire. Elle remonte aux premiers siècles de l’Eglise, au moment où les évêques avaient un urgent besoin d’être assistés dans leurs fonctions. Le célibat de ces aides – du moins dans l’Eglise latine – s’est affirmé et généralisé plus tard, au gré de réformes successives de l’Eglise en Occident. Mais tout vénérable qu’il puisse être, le célibat des prêtres ne détient pas pour lui seul les promesses de la vie éternelle. Pas plus que la vie monastique qui lui est parallèle. De plus en plus, un verset de l’évangile me poursuit: «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas». Remettons donc l’église au milieu du village!
Par bonheur, un évêque suisse vient à mon secours. Dans l’un de ses derniers bulletins diocésains, Mgr Morerod cite Thomas Merton: «La vocation dans le monde moderne, ce n’est pas la survie, mais la prophétie. Nous passons beaucoup trop de temps à vouloir ‘sauver les meubles’»
Il est vrai que l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg faisait référence au synode en cours dans son diocèse et en Suisse. Je le trouve courageux et pertinent de citer Merton dans ce contexte. Mais il y a plus que le synode. Il ne s’agit pas uniquement de «sauver les meubles», nos traditions et nos coutumes, mais de sauver le trésor que ces meubles contiennent, à savoir notre foi et notre amour pour Jésus-Christ.
Que nous soyons hommes ou femmes, mariés ou célibataires, prêtres ou non, ce devoir incombe à chaque baptisé. Ne nous acharnons pas à sauver les meubles, mais notre foi commune.
Guy Musy
14 septembre 2022
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