François-Xavier Putallaz

Ouvrir tout grand les portes de l’eugénisme

La volonté d’autoriser le Diagnostic préimplantatoire (DPI) part d’une noble intention: comment éviter à des couples à risque la terrible angoisse de transmettre à leur enfant une maladie génétique grave, qui pèsera lourdement sur sa vie et sur leur vie à eux? L’un des moyens serait d’autoriser à produire douze embryons in vitro, et de n’implanter que ceux supposés indemnes de ce risque.

Question difficile: où fixer le seuil d’une maladie grave? Et qui en décide?

C’est la quadrature du cercle: ou bien on confie au soin de chaque parent d’en décider, mais on ouvre la porte à un dangereux arbitraire. Ou bien on dresse une liste de maladies ou handicaps, toujours délicate et dont le seuil est à nouveau arbitraire, mais alors on stigmatise les personnes actuellement handicapées, en criant que leur vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue se elles étaient conçues aujourd’hui.

Le Conseil fédéral s’est efforcé de résoudre ce problème, en établissant six critères de ce qu’est une grave maladie (douleur résistante, limitation de la motricité, dépendance, sérieuse limitation de la connaissance, de l’affectivité, du mouvement); au sein de ce cadre objectif, on laisserait ensuite à la subjectivité des parents de juger ce qui leur paraît insupportable ou non. Si on avait adopté ce projet, la Suisse aurait autorisé le DPI pour quelque 50-100 couples concernés par année.

Mais le Parlement en a fait à sa tête, en insérant sottement le nom d’une maladie, la trisomie21, dans la liste des critères! Le peuple suisse est donc acculé à une impasse, car accepter cette loi, c’est désormais:

1° stigmatiser les enfants trisomiques et leurs parents;

2° proposer un dépistage pour quelque 1’000 couples par année (sur 6’000 fécondations in vitro).

On a donc changé de catégorie, en ouvrant tout grand les portes de l’eugénisme libéral.

Ce n’est plus la réelle souffrance des parents que l’on prend en compte, mais c’est la trisomie que l’on veut éliminer. Or on ne la soigne pas, mais on supprime les porteurs de cette maladie.

Qui peut loyalement tenir que c’est un progrès?

 

Pour une analyse approfondie, cf. Les enjeux du Diagnostic préimplantatoire:

http://www.novaetvetera.ch/index.php/fr/la-revue/a-la-une/39-les-enjeux-du-diagnostic-preimplantatoire

«Comment éviter à des couples à risque la terrible angoisse de transmettre à leur enfant une maladie génétique grave?»
10 avril 2015 | 08:15
par François-Xavier Putallaz
Temps de lecture : env. 1  min.
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