L’opportunité d’un «carré musulman»?
Qu’on ait vandalisé des tombes du cimetière musulman lausannois a suscité, à juste titre, une vague d’indignation: ces actes sont inadmissibles, d’une rare violence symbolique, menaçant la paix sociale, et leurs auteurs méritent une punition sévère.
On a omis cependant d’interroger la ville de Lausanne sur l’opportunité d’ouvrir de tels «carrés musulmans», comme si les hommes et les femmes n’étaient plus égaux devant la mort. Chacun en Suisse a droit à une sépulture décente, en accord avec ses convictions religieuses, dans le cadre de lois démocratiques et égalitaires. Or l’opportunité de tels cimetières réservés aux musulmans est loin de trouver une justification aux yeux de la simple raison humaine et de son universalité.
Pourquoi faut-il donc un lieu à part, tel un carré réservé dans un cimetière?
Nos concitoyens de religion musulmane demandent que plusieurs critères soient respectés, et on les comprend. En voici quelques-uns.
1° Que le corps du défunt soit enveloppé d’un linceul? Pas de problème; il suffit de prévoir une telle disposition avant l’inhumation selon les normes sanitaires usuelles.
2° Que le visage soit dirigé vers la Mecque? Même si cette prescription date d’une époque où la distance du lieu saint se limitait à quelques kilomètres et qu’il faille tout de même une certaine habileté de calcul pour assurer une disposition correcte, on ne voit pas la moindre difficulté à honorer cette requête.
3° Pour le moment de l’ensevelissement? Les fidèles musulmans n’exigeront pas que des employés municipaux soient contraints de travailler un dimanche. Quant au respect des morts avant le jour de la résurrection, on ne voit pas ce qui distingue cette croyance de celle d’autres religions monothéistes.
4° Reste la dernière revendication. Pourquoi faut-il donc un lieu à part, tel un carré réservé dans un cimetière? Je suggère à toutes les villes d’en accepter le principe, mais après seulement qu’on aura répondu loyalement à la question suivante: acceptez-vous que d’autres personnes, chrétiennes, juives ou athées, soient inhumées dans votre cimetière réservé? Si la réponse est négative, au motif qu’un infidèle ne doit pas être enterré auprès d’un croyant musulman, alors toutes les lois démocratiques de l’histoire et toute l’universalité des droits de l’homme refuseront fermement pareille discrimination post mortem.
Et si la réponse est positive? Alors, on ne voit plus raisonnablement l’opportunité d’un carré musulman.
François-Xavier Putallaz | 25.10.2017
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