Marie Larivé

Le Royaume se fait proche

Méditation de Carême (4)

Quand Jésus envoie ses disciples en mission, au milieu de l’Évangile de Luc, il leur dit: «Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur: ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous’» (Lc 10, 9). Le règne de Dieu, ou royaume de Dieu est une expression que l’on retrouve souvent dans les évangiles.

La hâte dont nous parlons depuis le début de ce carême prend forme dans ce motif du Royaume, sans pour autant qu’il ne soit évident d’en tracer des contours nets. On sait néanmoins qu’il appartient aux pauvres (6, 20) et à ceux qui ressemblent aux petits enfants (18, 16).

On pressent une forme d’urgence à ce qu’il advienne, et même une hâte car le Royaume apparaît profondément désirable. Ce Royaume semble être une réalité fugace dont on s’approche et s’éloigne. Il est un lieu, un état, un temps où les malades sont guéris. Comment ne pas vouloir laisser croître en nous la hâte de le faire s’approcher?

«En suivant Jésus, il y a toujours ce sentiment ou ce désir d’un bouleversement radical sans cesse à venir, tout proche»

«Comme on l’écoutait, Jésus ajouta une parabole: il était près de Jérusalem et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même» (19, 11). La promesse faite du Royaume par Jésus entre en conflit avec nos propres schémas. À l’approche de Jérusalem, les auditeurs de Jésus pensaient probablement à une transformation politique. La manifestation du Royaume aurait été une forme de royauté telle que nous avons l’habitude de la penser pour nos régimes politiques. La suite montrera bien sûr que la royauté du Christ ne prendra jamais cette forme. Il y a cependant cette conscience très forte que quelque chose va se passer. En suivant Jésus, il y a toujours ce sentiment ou ce désir d’un bouleversement radical sans cesse à venir, tout proche.

«Le Royaume n’est pas la promesse d’un futur lointain, il ne se résume certainement pas à une vie après la mort»

Ce bouleversement radical, il dépend aussi de nous, et c’est toute la singularité de ce motif du Royaume. Deux ordres se rejoignent: il est à la fois l’œuvre de Dieu en nous, pour nous, mais aussi ce que nous en faisons et la hâte que nous mettons dans la venue de ce Royaume. «Cherchez plutôt son Royaume, et cela (le reste) vous sera donné de surcroît» (12, 31). Se mettre en quête du Royaume devient un impératif pressant. Non pas sous le mode d’une injonction, mais parce que sans cesse nous l’expérimentons, souvent de manière très fugace, et qu’il nous est alors donné de goûter sa douceur et sa joie. Cette expérience répétée de nos vies fait grandir le désir que tout ce que nous vivons porte la trace du Royaume.

«Je vous le dis vraiment, il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu» (Lc 9,27). Cette parole vaut bel et bien pour nous! Le Royaume n’est pas la promesse d’un futur lointain, il ne se résume certainement pas à une vie après la mort. Le Royaume surgit ici et maintenant de façon pressante. Sans cesse, il se manifeste à nous. Sans cesse, nous participons à le manifester.

«Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car, je vous le déclare: beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu» (Lc 10,23-24)!

Marie Larivé

31 mars 2025

«Le Royaume n’est pas la promesse d’un futur lointain, il ne se résume certainement pas à une vie après la mort» (Marie Larivé)
31 mars 2025 | 11:17
par Marie Larivé
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