Le pape François: Evangéliser, un programme en trois points
Le 14 octobre, le Saint-Père a reçu les participants à l’assemblée plénière du «Conseil Pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation». À cette occasion, le pape François leur a adressé un bref message. Le texte du pape n’est pas encore proposé en traduction française par la Secrétairerie d’Etat. Ci-dessous se vous trouverez la traduction proposée par le site Benoît et moi.
Abbé Philippe AYMON
P.S.: A lire, dans la perspective de la nouvelle évangélisation, l’article de Sandro Magister: Non au prosélytisme. Oui à la mission. Une réflexion sur l’importance de la mission chez le pape François.
«J’ai rappelé à plusieurs reprises un fait qui m’a impressionné dans mon ministère: rencontrer des enfants qui ne savaient même pas faire le signe de la croix! Dans nos villes! C’est un service précieux pour la nouvelle évangélisation, celui qu’offrent les catéchistes, et il est important que les parents soient les premiers catéchistes, les premiers éducateurs de la foi dans leur propre famille avec le témoignage et la parole.» (extrait)
Discours du pape François au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation
«Ce que je veux vous dire aujourd’hui peut se résumer en trois points: primauté du témoignage; urgence d’aller à la rencontre; projet pastoral centré sur l’essentiel.1. A notre époque, se vérifie souvent une attitude d’indifférence envers la foi, qui n’est plus considéré comme importante dans la vie de l’homme. La nouvelle évangélisation signifie réveiller dans le cœurs et dans l’esprit de nos contemporains la vie de la foi. La foi est un don de Dieu, mais il est important que nous, chrétiens, montrions que nous vivons la foi d’une manière concrète à travers, l’amour, l’harmonie, la joie, la souffrance, parce que cela soulève des questions, comme au début du chemin de l’Église: pourquoi vivent-ils ainsi? Qu’est-ce qui les motive? Ce sont des questions qui mènent au cœur de l’évangélisation est le témoignage de la foi et de la charité. Ce dont nous avons besoin, surtout en ces temps, ce sont des témoins crédibles qui avec leur vie mais aussi avec leurs mots rendent visible l’Evangile, réveillent l’attraction pour Jésus-Christ, pour la beauté de Dieu
Tant de gens se sont éloignés de l’Église. C’est une erreur de porter le blâme d’un côté ou de l’autre, en effet, il est inapproprié de parler de culpabilité. Il y a des responsabilités dans l’histoire de l’Eglise et de ses hommes, il y en a dans certaines idéologies et également chez les personnes individuelles. Comme fils de l’Eglise, nous devons continuer sur la voie du Concile Vatican II, nous dépouillant des choses inutiles et nuisibles, des fausses valeurs de ce monde qui encombrent l’Eglise et blessent son visage.
Il faut des chrétiens qui rendent visible aux hommes d’aujourd’hui la miséricorde de Dieu et sa compassion pour toutes les créatures. Nous savons tous que la crise de l’humanité contemporaine n’est pas superficielle, elle est profonde. Pour cette raison, la nouvelle évangélisation, tandis qu’elle nous appelle à avoir le courage d’aller à contre-courant, de se convertir en abandonnant les idoles pour le seul vrai Dieu, ne peut qu’utiliser le langage de la miséricorde, composé de gestes et d’attitudes plus que de mots. L’Église au milieu de l’humanité d’aujourd’hui dit: Venez à Jésus, vous tous qui êtes fatigués et oppressés, et vous trouverez du repos pour vos âmes (cf. Mt 11:28-30). Venez à Jésus, Lui seul a les paroles de la vie éternelle.
Chaque baptisé est « Christophoro », c’est-à-dire porteur du Christ , comme les anciens Pères. Qui a rencontré le Christ, comme la Samaritaine au puits, ne peut pas garder pour lui cette expérience, mais ressent le désir de partager, pour porter d’autres à Jésus (cf. Jn 4). Nous devons tous nous demander si ceux que nous rencontrons perçoivent dans notre vie la chaleur de la foi, voient dans notre visage la joie d’avoir rencontré le Christ!
2. Ici, nous passons à la deuxième aspect: la rencontre, le « aller vers les autres» . La nouvelle évangélisation est un mouvement renouvelé vers ceux qui ont perdu la foi et le sens profond de la vie. Ce dynamisme fait partie de la grande mission du Christ d’apporter la vie dans le monde, l’amour du Père pour l’humanité. Le Fils de Dieu est «sorti» de sa condition divine et est venu à notre rencontre. L’Église est à l’intérieur de ce mouvement, chaque chrétien est appelé à aller vers les autres, à engager un dialogue avec ceux qui ne pensent pas comme nous, avec ceux qui ont une autre foi, ou qui n’ont pas la foi. Rencontrer tous, parce que tous nous avons en commun d’être créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous pouvons tendre la main à tous, sans peur et sans renoncer à notre appartenance.
Personne n’est exclu de l’espérance de la vie, de l’amour de Dieu. L’Eglise est envoyée partout dans le monde pour réveiller cette espérance, surtout là où il est étouffée par les conditions de vie difficiles, parfois inhumaines, où l’espoir ne respire pas, elle suffoque. Nous avons besoin de l’oxygène de l’Evangile, du souffle de l’Esprit du Christ ressuscité, qui la ravive dans les cœurs. L’Eglise est la maison où les portes sont toujours ouvertes, non seulement pour que tout le monde puisse y trouver accueil et y respirer amour et espoir, mais aussi pour que nous puissions sortir pour apporter cet amour et cet espoir. Le Saint-Esprit nous pousse à sortir de notre enclos et nous guide jusqu’aux périphéries de l’humanité.
3. Tout cela, cependant, dans l’Église n’est pas laissé au hasard, à l’improvisation. Cela exige l’engagement commun pour un projet pastoral qui rappelle l’essentiel et qui est centré sur l’essentiel, c’est-à-dire sur Jésus. Il ne sert à rien de se disperser dans plein de choses secondaires ou superflues, mais il faut se concentrer sur la réalité fondamentale, qui est la rencontre avec le Christ, avec sa miséricorde, avec son amour et aimer nos frères comme Il nous a aimés. Une rencontre avec le Christ, qui est aussi adoration, un mot peu utilisé: adorer le Christ. Un projet animé par la créativité et l’imagination de l’Esprit Saint, qui nous pousse aussi à suivre de nouvelles voies, avec courage, et sans nous fossiliser! Nous pourrions nous demander: comment est la pastorale de nos diocèses et nos paroisses? Rend-elle visible l’essentiel, c’est-à-dire Jésus-Christ? Les différentes expériences, caractéristiques, marchent-elles ensemble dans l’harmonie que donne le Saint-Esprit? Ou bien notre travail pastoral est-il dispersée et fragmentaire, de sorte que, à la fin, chacun va son propre chemin?
Dans ce contexte, je tiens à souligner l’importance de la catéchèse, comme moment d’évangélisation. Le pape Paul VI l’a déjà fait dans Evangelii Nuntiandi (cf. n. 44). De là, le grand mouvement catéchétique a fait naître un renouvellement pour surmonter la rupture entre Evangile et culture et l’analphabétisme de notre époque en matière de foi. J’ai rappelé à plusieurs reprises un fait qui m’a impressionné dans mon ministère: rencontrer des enfants qui ne savaient même pas faire le signe de la croix! Dans nos villes! C’est un service précieux pour la nouvelle évangélisation, celui qu’offrent les catéchistes, et il est important que les parents soient les premiers catéchistes, les premiers éducateurs de la foi dans leur propre famille avec le témoignage et la parole.» Pape François, Rome le 14 octobre 2013
(sources : De la traduction française: Nouvelle Evangélisation. De la version originale en italien: DISCORSO DEL SANTO PADRE FRANCESCO)
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