Guy Luisier

La technologie

Rapide pèlerinage à Lourdes. J’aime m’attarder devant la basilique avec mon modeste appareil de photo à saisir un moment de grâce, donné en cadeau par le hasard et la magie du lieu. Je guette en effet une de ces rencontres fortuites entre les personnages des grandes mosaïques modernes et les pèlerins qui circulent sur l’esplanade.

C’est toujours passionnant et aujourd’hui je suis gâté. Sous les visages de Pierre, Jacques et Jean ébahis devant la Transfiguration, une petite dame est assise sur un rebord, comme aux pieds des apôtres et contemple transfigurée… quoi d’autre que son téléphone portable!

Et elle reste là de longues minutes, insensible à ce qui se passe près d’elle, à ceux qui passent près d’elle! Mais que fait-elle? Bien sûr je pourrais lui reprocher de s’évader du réel, de se laisser emprisonner dans les mailles serrées de la technologie déshumanisante, etc. etc…. Mais qui suis-je pour juger cette sœur en humanité qui est peut-être plus humaine que moi? Peut-être envoie-t-elle un message de solidarité à une amie malade. Peut-être lit-elle un texte spirituel. Peut-être récite-t-elle le chapelet (on peut même faire cela avec un portable aujourd’hui). Peut-être passe-t-elle son agenda électronique pour le poser devant Marie.

Je serai désormais plus prudent avant de critiquer les fameux «prisonniers de leur portable», jeunes ou moins jeunes. Il faudrait d’abord que je me libère de mes prisons… En fait c’est vrai j’ai un appareil électronique en main!

Guy Luisier

8 juillet 2019

Ne jugeons pas trop vite les «prisonniers du portable» | © Esther Vargas/Flickr/CC BY-SA 2.0
5 juillet 2019 | 10:08
par Guy Luisier
Temps de lecture : env. 1  min.
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