
La porte étroite ou la question du nombre des élus / Homélie du 21e dimanche C (Lc 13, 22 -30)
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvé ? ».
Voilà une question très intéressante. Et elle nous concerne tous ! On aimerait bien savoir qui va aller au Ciel. Qui sera sauvé ! Et on le souhaite naturellement pour soi et pour tous ses amis. Les rabbins de l’époque de Jésus étaient partagés en deux écoles : Ceux qui disait que seul Israël, mais tout Israël sera sauvé ; et les autres qui disaient que ceux qui périront seront plus nombreux que les sauvés. Et selon Jésus ? Combien seront sauvés ?
Jésus vous l’avez entendu, ne répond pas directement à la question posée. Dans sa réponse, Jésus déplace le centre de l’attention du « combien » au « comment », du combien seront sauvés – au comment faire pour être sauvé… Entendez comme Jésus met l’accent sur l’effort « luttez pour entrer dans la salle du grand festin en passant par la porte étroite » v.24.
Soyons clair : La curiosité sur le nombre des élus manifeste une recherche légitime de sécurité mais dans le fond, quelque que soit la réponse, elle est toujours malsaine : En effet : si tout le monde va au Ciel, alors pas besoin de se faire du souci, donc il n’y a plus rien à faire ; et si très peu y vont, alors à quoi bon faire tant d’efforts si risqués. Dans les deux cas, quelque que soit la réponse, elle est un motif pour ne rien faire !
Jésus sait bien que la réponse « statistique » nous troublerait et nous empêcherait d’assumer nos responsabilités dans la paix. C’est pour cela qu’il ne répond pas à la question du « combien » ! Car l’essentiel n’est pas de savoir, en théorie, si beaucoup ou peu iront au Ciel. Ce qui est important, c’est de faire, en pratique, tout son possible pour arriver à ce but.
ENTENDEZ BIEN : JESUS NE VEUT PAS NOUS RASSURER, MAIS NOUS RENDRE RESPONSABLE.
Jésus n’affirme pas le petit nombre des sauvés, mais le sérieux de l’existence humaine ! Parce que de fait, nous avons besoin de mettre toutes nos forces pour atteindre ce but. En ce sens Jésus nous dit : « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas ».
Nous voici donc face à deux voies : Une porte étroite d’un côté, et une large voie de l’autre. Concrètement, qu’est-ce que tout cela veut dire ?
La voie étroite est celle qui est de prime abord difficile. Au contraire, la voie large est celle qui apparaît comme facile. Dans les faits, la voie du mal toujours large, facile et agréable à parcourir (au début). Au contraire, la voie du bien apparaît toujours comme étant étroite, dure et fatigante !
Ici il faut faire attention à ne pas tomber dans une tentation ordinaire qui est d’imaginer que le chemin large l’est jusqu’au bout et que le chemin étroit l’est également jusqu’à son terme ! Un peu comme si tout allait toujours merveilleusement bien pour les méchants et qu’en revanche tout va toujours de travers pour les gentils.
La voie des impies est large, effectivement, mais attention : seulement au début ! Plus on avance dans cette voie du mal, dans la large voie de la perdition, plus elle devient étroite et amère. Voyez bien : la voie large devient très étroite car à la fin elle se termine dans une impasse. Les plaisirs qu’elle procure a comme caractéristique de diminuer au fur et à mesure qu’on la goûte, et provoquent finalement de la nausée et de la tristesse. On constate tout cela facilement dans certains types de désordre, comme ceux la drogue, l’alcool ou le sexe. Il faut une dose de plus en plus grande pour produire un plaisir de la même intensité, jusqu’à ce que l’organisme ne réponde plus et c’est alors l’effondrement, souvent physique et psychique.
Au contraire, la voie des justes est étroite au début, lorsqu’on s’y engage, puis elle devient une voie spacieuse ; on y trouve l’espérance, la joie et la paix du cœur. La voie du mal est large, mais elle finit en une impasse mortifère. Au contraire la voie du bien est étroite, mais elle s’élargit à mesure que l’on y avance.
La tentation de notre monde, c’est d’avoir l’illusion qu’on entre au Ciel sans effort, par une large voie, quasis incontournable ! Je me rappelle d’un dessein humoristique. Il représente Dieu le Père, avec une longue barbe, assis dans un fauteuil fumant un grand cigare, certainement un très bon Havane! Et Dieu dit à un jeune désoeuvré : « reste cool, je pardonne tout ».
Et bien non, la vie chrétienne n’est pas un fauteuil !
Bien sûr que Dieu pardonne. Mais encore faut-il se reconnaître pécheur. Encore faut-il lui demander pardon. Si l’on se refuse à Dieu, il est impossible d’accueillir ce que Dieu veut nous donner.
Notre liberté a quelque chose de grave, vous ne trouvez pas ? La vie de l’homme est une affaire sérieuse. « Quand le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : « Seigneur, ouvre-nous », il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes ». ».
Seigneur, ton invitation est urgente : la porte étroite risque de bientôt se fermer.
Le salut n’est pas automatique. Il est un don gratuit que nous devons accueillir par des actes concrets et réguliers.
Merci Seigneur de ne pas nous dire combien de temps il nous reste, ni combien seront sauvés.
Ce n’est pas important de le savoir.
Ce qui est important c’est que tu nous aimes, et que tu veux nous aider à trouver salut.
L’important est que ton amour prenne patience et que tu sois miséricordieux.
J’ai confiance en toi Seigneur, tu veux nous aider par tout son amour et de toute ta grâce à franchir la porte étroite.
Avec Toi Seigneur, tout devient possible !
Amen.
Père Jérôme Jean.
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