La lune
18h30. La nuit tombe sur ma Colline au Congo. Rapidement. Comme chaque jeudi, notre petite communauté termine son heure d’adoration dans notre oratoire. Dehors, après la répétition à l’église, jeunes et enfants de la chorale s’égaient sur la route poussiéreuse en direction du village…
Tout à coup un ensemble de cris diffus et variés monte de l’obscurité naissante. Je suis perplexe: pas des cris de peur, ni de deuil, ni de souffrance…pas des cris de moquerie comme en ont souvent les enfants de par le monde. Non, ce sont des cris de joie, mais d’une joie comme mystérieuse et presque mystique.
Je mène mon enquête et j’apprends que tout ce petit monde a salué l’arrivée de la lune! Au fond des collines, tout à l’ouest, là où tantôt le soleil a pris ses quartiers de nuit, un petit croissant orange se dessine, très bas, comme posé sur l’horizon. Mystère.
«Essayez d’imaginer un village sans électricité qui vit dans la nuit noire»
Il faudra encore quelques jours pour que notre joie soit complète. Avec la lune, la soirée devient moins triste et sombre. Essayez d’imaginer un village sans électricité qui vit dans la nuit noire, avec de simples petits feux devant les cases, avec tout autour les sifflements des insectes, des reptiles, des oiseaux et des radios à piles des voisins. Une nuit d’encre de 18h45 à 6h30!
La lune devient alors l’amie qui accompagne les soirées: on peut traîner sur les chemins, chez les voisins, faire durer la palabre en voyant le visage de son interlocuteur, engager des flirts sous une lumière tamisée et éternelle. On n’est plus seul.
Guy Luisier
14 juillet 2019
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