La Constituante, l’évêque et la politique

François-Xavier Putallaz | Evangélique et nuancée, la prise de position de l’évêque de Sion est lumineuse. Pas étonnant que certains ne la comprennent pas, quand d’autres s’acharnent contre tant de lumière. Car Mgr Jean-Marie Lovey a adressé un texte plein d’espérance à tous les chrétiens, et aux autres aussi, domiciliés en Valais, les invitant à œuvrer au sein de la Constituante.

C’est le rôle des citoyens laïcs chrétiens de s’engager «dans la construction de la société pour le bien de tous». Le message fait confiance au bon sens des futurs élus, dont les jeunes, «enracinés dans une histoire… qui a forgé et continue de forger la culture, l’âme du pays – et en même temps ouverts sur l’avenir». En soulignant que les chrétiens sont des ferments au sein du monde et de la société, l’évêque les encourage à se montrer actifs, à s’inscrire sur des listes électorales, pour que la Constituante «soit une référence garante de liberté, de paix sociale, de qualité de vie pour celles et ceux qui traverseront avec elle le siècle».

«C’est à l’honneur de l’évêque de Sion de placer la question exactement où il convient»

Les journalistes font cependant état d’une deuxième lettre, privée celle-là, adressée par courrier personnel à chaque prêtre du diocèse, les invitant à ne pas se porter eux-mêmes candidats. On imagine facilement que s’inscrire sur une liste de parti mettrait ce prêtre en porte-à-faux avec sa mission et son devoir de maintenir l’unité dans sa paroisse. Puisque le prêtre est chargé d’une mission qui l’occupe en totalité, personne ne comprendrait comment il pourrait soustraire une bonne partie de son temps pour des tâches annexes, jusqu’à s’occuper par exemple du découpage des circonscriptions.

Trois points suscitent néanmoins l’inquiétude dans la gestion de ces informations.

1.Certains médias se sont focalisés sur la deuxième lettre, privée, négligeant gravement le message principal de l’évêque. L’information est devenue partiale.

2.Les lecteurs sont induits en erreur, imaginant que l’Eglise se désintéresse du Valais, alors que l’Eglise ne se réduit pas aux prêtres, mais regroupe l’ensemble du peuple croyant (et au-delà): dans un geste à portée politique, l’évêque invite avec ferveur à œuvrer pour l’avenir du canton.

3.Ces médias biaisent la discussion au lieu de la favoriser, plus intéressés par le «coup médiatique» que par le débat d’idées constructif.

C’est à l’honneur de l’évêque de Sion de placer la question exactement où il convient, d’être quasiment le seul à le faire publiquement dans un Valais obnubilé par la votation sur les JO 2026, et surtout d’apporter une saine clarification, pleine de nuances et de vérité, dans une arène politique qui devrait l’en remercier.

François-Xavier Putallaz

28 mai 2018

Pour lire la lettre de Mgr Lovey:

Pensees-12-annexe