Évangile de dimanche: Voir comme des prophètes...
«Tu peux laisser ton serviteur s’en aller (…) car mes yeux ont vu le salut».
Les yeux de Syméon ont vu le salut? C’est beaucoup dire… Il a vu les prémices du salut en cet enfant présenté au temple par Marie et Joseph. S’il restait, il verrait un peu plus. Mais il n’a plus l’âge d’attendre encore. Et puis, en réalité, il a vu suffisamment.
C’est qu’il y a voir et voir. Il y a voir pour savoir, ou bien voir pour croire, ou encore voir pour voir comme nous y invitent nos écrans et leur déferlante d’images. Mais il y a aussi voir au-delà de ce qui est vu pour pouvoir annoncer aux autres: «Bientôt, vous allez voir!». Et cela, c’est voir comme un prophète et c’est ce que fait Syméon.
«Demandons-lui d’aiguiser notre regard de prophète afin de lire les signes des temps»
Demandons-lui d’aiguiser notre regard de prophète afin de lire les signes des temps, de reconnaître la réalisation des promesses de Dieu dans notre vie personnelle et communautaire, dans notre monde en attente.
D’après l’évangéliste Luc, trois dispositions sont nécessaires. Comme le vieillard de notre récit, il convient de se rendre dans le temple, d’être dans l’attente et d’être agi par l’Esprit-Saint.
«Nous rendre au temple est inséparable de notre fréquentation du temple intérieur de notre cœur»
Se rendre dans le temple. Être des pratiquants réguliers en somme ? Oui, car c’est la communauté ecclésiale en effet qui est porteuse et témoin du salut offert par Dieu, Elle est médiatrice de la grâce du Seigneur. Il est bon et nécessaire de rejoindre assidûment la communauté à laquelle nous appartenons depuis notre baptême. Elle nous inscrit dans la foi d’un peuple, dans son espérance et dans sa charité qui est celle du Christ. Mais nous rendre au temple où se réunit la communauté croyante est inséparable de notre fréquentation du temple intérieur de notre cœur où Dieu réside. Vaquer jour et nuit dans ce temple-là, comme Anne la prophétesse.
Être dans l’attente. Car Dieu, qui est toujours déjà-là, est conjointement Celui qui vient incessamment. Sa présence se fait parfois jouissance dans la communion mais le plus souvent elle est, de notre côté, appel, désir, impatience peut-être, voire découragement. L’attente nous tient aux aguets de ce qui pourrait survenir. La présence de Dieu a sa part de non visible, d’inévidence qui nous tient en éveil.
«Une condition pour voir comme des prophètes: accepter d’être vus par Dieu»
Être agi par l’Esprit Saint. Par trois fois, il est question de l’Esprit Saint à propos de Syméon. L’Esprit est maître à bord dans la vie du vieillard qui lui est docile en tout. Sans lui, il ne verrait rien du tout, il ne prophétiserait pas. Il en est de même pour nous : la présence de l’Esprit change notre regard et nous donne de voir comme des prophètes. Il est Dieu en nous qui nous prête son regard. Et depuis la mort et la résurrection du Christ, il nous donne de voir la vie et le salut au-delà de toute souffrance et de tout tombeau. Il est à la fois celui qui nous conduit dans le temple de notre cœur et celui qui l’habite.
Peut-être devons-nous ajouter une autre condition pour voir comme des prophètes: accepter d’être vus par Dieu qui nous a créés à son image et de savoir reconnaître cette image en ceux qui nous entourent.
Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 31 janvier 2025
Lc 2, 22-40
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin
sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir
le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :
un couple de tourterelles
ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.
C’était un homme juste et religieux,
qui attendait la Consolation d’Israël,
et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce
qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus
pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras,
et il bénit Dieu en disant :
«Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël.»
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