Sœur Véronique

Evangile de dimanche: Viens Esprit-Saint!

Il est des événements qui ne s’effacent pas de nos mémoires: l’irruption d’un ouragan qui souffle tout sur son passage, de paisibles ruelles transformées soudainement en torrents impétueux, des hectares de forêts calcinées sans retour par un feu dévastateur.

Vent, souffle, eau, feu… autant d’images évoquant pour nous le Saint Esprit! Et nous ne manquerons pas en ce jour de Pentecôte de chanter à pleine voix: Viens! Oh! Viens, Esprit Saint! Mais sommes-nous vraiment désireux de sa venue? Sur le monde, sur l’Église, certes. Mais en nos cœurs? Sommes-nous disposés à être emportés, inondés, brûlés par l’Esprit?

Et qu’en est-il des apôtres?

Jésus avait annoncé la venue de l’Esprit en le présentant comme un Défenseur, un avocat, le consolateur. Nul doute qu’ils en auront besoin puisqu’ils vont se sentir orphelins après l’Ascension. Ils auront à faire le deuil de la présence visible de Jésus. Il s’agit de passer de quelqu’un qui se voit, se touche à quelqu’un qui ne se voit pas. Il s’agit de passer d’une présence extérieure, physique, sensible à une présence intérieure, discrète, fugitive. Il s’agit de passer d’une relation particulière et limitée à une relation universelle.

Désormais, le Christ, par l’Esprit Saint, n’est plus présent uniquement en Palestine, mais dans le cœur de tout homme qui reçoit et qui garde ses commandements, car c’est celui qui aime Jésus qui sera aimé par le Père. Et cette réciprocité d’amour fait dire à Jésus: «nous viendrons vers lui et chez lui nous nous ferons une demeure.»

«Cet avocat n’est pas un Dieu lointain demeurant inaccessible.»

Est-ce que les chrétiens réalisent l’énormité de cette affirmation, de cette réalité? 

Thérèse d’Avila a écrit: «Notre âme est un paradis où le Seigneur prend ses délices». Mais déjà le livre des Proverbes (8.31) énonçait: «Je mets mes délices à fréquenter les enfants des hommes.” Mais nous, savons-nous lui tenir compagnie?    

Jésus précise encore la mission de l’Esprit: «Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit». Voilà une promesse de Jésus qui nous invite à croire en l’Esprit qui nous est donné vraiment comme un véritable ami pour chacun, chacune de nous.

Cet avocat n’est pas un Dieu lointain demeurant inaccessible, non, c’est une flamme amie qui brûle nos cœurs de sa charité, c’est un consolateur pour les pauvres et les humbles, c’est une lumière qui nous éclaire discrètement dans notre quotidien, c’est aussi un rafraîchissement paisible de tout notre être, c’est ce feu ardent qui brûle au-dedans de notre cœur et qu’en fait, rien ne peut vraiment éteindre, c’est cette force formidablement aimante qui nous transforme peu à peu pour que nous puissions réaliser notre vocation: communier à l’amour de Dieu.

 Jésus nous dit aujourd’hui que le rôle de l’Esprit Saint est de nous faire ressouvenir de tout ce que lui-même nous a dit. De quoi s’agit-il? Certainement pas de rappeler à notre bon souvenir des événements du passé vieux de plus de 2000 ans.

Chez les juifs, se souvenir, c’est actualiser le souvenir, le rendre présent dans notre aujourd’hui.

La mission de l’Esprit c’est de nous faire comprendre combien l’amour de Jésus est formidablement vivant dans le quotidien de nos vies.

Vent, souffle, eau, feu… Oui, viens, Esprit Saint nous bousculer!

Sœur Véronique | Vendredi 3 juin 2022


Jn 14, 15-16.23b-26

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Si vous m’aimez,
vous garderez mes commandements.
    Moi, je prierai le Père,
et il vous donnera un autre Défenseur
qui sera pour toujours avec vous.
    Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
    Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
    Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
    mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

«Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous» Duccio di Buoninsegna, vers 1308. Tempera sur bois | Wikimedia
3 June 2022 | 17:00
by Sœur Véronique
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