Évangile de Dimanche: Une manière d’être qui ouvre à la vie
Jésus vient d’annoncer ses propres souffrances, son rejet, sa livraison. Lui qui est venu pour que tout être humain soit relevé – ressuscité – et marche avec ses frères et sœurs en humanité. Il a invité chacun à le suivre dans la voie qui conduit au royaume de Dieu. Partager la même communauté de vie et de destin que Jésus-Christ, c’est côtoyer Jésus qui nous indique, par sa manière d’être, comment vivre en chrétien.
Aux disciples qui veulent cadrer telle ou telle action, séparer – avant l’heure – les bons des méchants, ceux qui sont avec eux de ceux qui seraient contre lui, Jésus se pose comme celui qui ouvre la voie à chacun: il élargit le regard des disciples.
«Jésus fait découvrir à ses disciples l’importance de sortir d’un regard qui juge, sépare et condamne»
Sur le chemin, au fil des rencontres et des questionnements, Jésus fait découvrir à ses disciples l’importance de sortir d’un regard qui juge, sépare et condamne, en choisissant de ne pas condamner, mais d’abord accueillir la personne. Accueillir l’autre – différent – qui est à côté de nous. Le rencontrer différent et le découvrir comme un frère m’offrant un verre d’eau: comme un petit à respecter.
L’Évangile, à la suite de Jésus, devient une voie, un chemin à parcourir ensemble. La Bonne Nouvelle advient en route: elle est déplacement qui interroge nos certitudes et nos comportements et appelle chacun à trouver sa propre voie dans la suite du Christ.
«Jésus nous invite à entrer manchot dans la vie éternelle plutôt qu’avec les deux mains dans la Géhenne: cela dépasse notre bon sens!»
Nos pieds, nos mains nos yeux sont faits pour aller vers l’autre et leur offrir ce que nous avons de meilleur! Alors, Jésus y va fort, usant de mérismes – expressions sémitiques déployant les deux faces d’une même réalité – nous invite à entrer manchot, estropié ou borgne dans la vie éternelle plutôt qu’avec les deux mains, les deux pieds ou les deux yeux dans la Géhenne: cela dépasse notre bon sens!
Pourtant, c’est parlant: nous voyons tout de suite des situations qui font tellement violence à des petits. Nous souhaiterions parfois que le membre en cause soit coupé de manière que ces violences cessent. Ce procédé existe d’ailleurs dans certaines sociétés tribales.
Mais qu’est-ce donc que cette Géhenne dont Jésus parle? L’image de la Géhenne, fournaise de feu, vient de ce feu où l’on brûlait les détritus et les cadavres de la ville de Jérusalem; ce lieu se situait sur la colline face au Temple de Jérusalem. Ces deux lieux symbolisent dès lors pour les Juifs les deux destinations possibles au terme de la vie.
Se séparer du membre de notre corps qui nous écarte d’un chemin de vie permet alors de viser à nouveau notre juste destination: c’est là l’enjeu de notre vie. Lorsqu’un membre – quel qu’il soit – nous détourne du don pour conduire à un accaparement, à un dévoiement. Alors, oui, il vaut mieux qu’il soit coupé plutôt que d’arracher à un frère sa dignité!
«Le Christ nous redit la valeur de toute action: main tendue pour donner un verre d’eau, démarche pour aller vers l’autre, regard de compassion»
Dans le quotidien, n’avons-nous pas plus vite fait de nous couper d’un frère que de nous couper d’une attitude tordue? Jésus nous invite à nous écarter d’une attitude fourbe, double: il souhaite que nous soyons unifiés et tendus vers le Royaume. Le Christ nous redit la valeur de toute action: main tendue pour donner un verre d’eau, démarche pour aller vers l’autre, regard de compassion.
Sœur Nicole Lechanteur | Vendredi 27 septembre 2024
Mc 9,38-48
En ce temps-là,
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous
est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.
Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou
une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas. »
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