Pierre Emonet

Évangile de dimanche: Un regard sur Dieu

En se définissant comme le bon berger, Jésus insiste sur le fait qu’il n’est pas un salarié. Son rapport aux brebis n’est pas un job, une occupation parmi d’autres. Il est d’un autre ordre, l’expression de sa propre nature, une manière d’être qui révèle le fond de son être. Pour le faire comprendre, Jésus reprend à son compte le nom divin révélé à Moïse au buisson ardent : « Je suis… qui je suis » (Ex 3,13-14). « Je suis » le bon Pasteur. Le souci des brebis fait partie de mon identité divine. Ma relation aux brebis est l’expression de mon rapport au Père. Question de vie !

«Le berger donne sa vie pour ses brebis… quand rode le loup, il ne les abandonne pas à leur sort»

Le berger donne sa vie pour ses brebis. Évoquant sa mort prochaine, Jésus proclame la charte fondatrice du ministère pastoral : une vie donnée plutôt que l’appât du gain ou l’ambition d’une carrière. En contraste, il épingle le cas du salarié pour lequel les brebis ne sont qu’un gagne-pain parmi d’autres. Le mercenaire ne s’identifie pas avec les brebis qui lui sont confiées mais avec son salaire. Parce que les brebis ne lui appartiennent pas, dès que la situation devient périlleuse, que rode le loup, il les abandonne à leur sort. Il prend la fuite à la recherche d’un autre job.

Puisque que le rapport de Jésus aux brebis est un trait de sa divinité, l’horizon s’élargit à la mesure de Dieu. Toute vision mesquine ou partisane est exclue. Le troupeau confié au Bon Berger ne se réduit pas à une coterie de partisans, une chapelle de bien-pensants. Le regard du pasteur balaie plus largement. Au-delà du petit troupeau homologué et des enclos reconnus, le nombre de ceux et celles capables d’écouter sa voix est aussi vaste que l’humanité. Il n’y a qu’un seul berger pour un seul troupeau.

«La figure du Dieu vérificateur des comptes laisse la place au Bon Berger qui marche avec ses brebis dont il a pris l’odeur…»

Dans la mesure où elle apporte une lumière sur Dieu l’allégorie du Bon Pasteur est émouvante et rassurante. La figure du Dieu vérificateur des comptes laisse la place au Bon Berger qui marche avec ses brebis dont il a pris l’odeur à force de les fréquenter. Elles lui sont si étroitement liées qu’il est prêt à tout risquer pour elles. Jusqu’à mettre sa vie en jeu. Sous sa houlette elles se sentent en sécurité. Elles lui font confiance, sachant bien qu’il les mène sur de bons pâturages. « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. » (Psaume 22).

Pierre Emonet SJ | Vendredi 19 avril 2024


Jn 10, 11-18

En ce temps-là,
Jésus déclara :
« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger,
qui donne sa vie pour ses brebis.
Le berger mercenaire n’est pas le pasteur,
les brebis ne sont pas à lui :
s’il voit venir le loup,
il abandonne les brebis et s’enfuit ;
le loup s’en empare et les disperse.
Ce berger n’est qu’un mercenaire,
et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ;
je connais mes brebis,
et mes brebis me connaissent,
comme le Père me connaît,
et que je connais le Père ;
et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis,
qui ne sont pas de cet enclos :
celles-là aussi, il faut que je les conduise.
Elles écouteront ma voix :
il y aura un seul troupeau
et un seul pasteur.
Voici pourquoi le Père m’aime :
parce que je donne ma vie,
pour la recevoir de nouveau.
Nul ne peut me l’enlever :
je la donne de moi-même.
J’ai le pouvoir de la donner,
j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau :
voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

«Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits; mais les brebis ne les ont pas écoutés.» | © Flickr/lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
19 avril 2024 | 17:00
par Pierre Emonet
Temps de lecture : env. 3  min.
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