Evangile de dimanche: règne ou royaume?
«Il en est du règne de Dieu comme…» Nos oreilles sont peut-être davantage accoutumées à l’expression «royaume de Dieu». «Règne»? «Royaume? Les deux sont possibles, le même terme grec pouvant désigner l’un et l’autre. Mais ils ne disent pas la même chose. Travailler au règne de Dieu ou travailler au royaume de Dieu est-ce identique? «Royaume» évoque une contrée, un pays sur lequel s’étend le pouvoir du roi. Avec le règne on est du côté de la durée. Spatial ou temporel? Quelle catégorie convient le mieux pour dire l’expansion de l’Evangile? Les deux petites paraboles proposées à notre écoute ont quelque chose à nous apprendre.
La première décrit un processus: la semence germe et grandit,… la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi,… Il y faut du temps, celui de la germination et de la maturation. Il ne s’agit pas de conquérir des espaces mais de patienter sans s’agiter. La seconde parabole en mettant en valeur le contraste entre le point de départ, «la plus petite de toutes les semences», et le terme du processus, «elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères», attire l’attention sur le développement étonnant de cette petite semence. Là aussi le temps est nécessaire. L’une et l’autre parabole font du temps l’allié de la croissance du règne de Dieu.
Spatial ou temporel? Quelle catégorie convient le mieux pour dire l’expansion de l’Evangile?
Toutes deux appellent à la confiance. Car cette croissance ne dépend pas d’abord de l’activité de l’homme : qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit… «J’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la croissance», écrit Paul aux Corinthiens (1 Co 3,6) La seconde, en soulignant le développement stupéfiant d’une graine minuscule qui devient un arbre aux longues branches, invite à oser croire aux commencements humbles et cachés quand ils sont habités par la force de l’Evangile.
La pape François, dans son exhortation «La Joie de l’Evangile» développe une conviction qui lui tient à cœur: «le temps est supérieur à l’espace» (n. 222). Il invite à se méfier de l’activité qui «privilégie les espaces de pouvoir plutôt que les temps de processus.» «Donner la priorité au temps, c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces.»
Voilà qui fait écho à nos deux paraboles: le royaume/règne de Dieu non pas un espace à occuper mais un processus à faire naître. Semer et garder confiance devant la fragilité de la semence, la lenteur de la croissance et les obstacles rencontrés.
Servir l’Evangile, accompagner la germination du règne de Dieu plutôt que conquérir un royaume?
Jeanne-Marie d’Ambly | 15 juin 2018
Marc 4, 26 – 34
En ce temps-là,
parlant à la foule, Jésus disait :
« Il en est du règne de Dieu
comme d’un homme qui jette en terre la semence :
nuit et jour,
qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit,
il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe,
puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le blé est mûr,
il y met la faucille,
puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore :
« À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?
Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde :
quand on la sème en terre,
elle est la plus petite de toutes les semences.
Mais quand on l’a semée,
elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ;
et elle étend de longues branches,
si bien que les oiseaux du ciel
peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables,
Jésus leur annonçait la Parole,
dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.
Il ne leur disait rien sans parabole,
mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.
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