Chantal Reynier

Evangile de dimanche: quel scandale!

Jésus continue de s’adresser à la foule en paraboles. Après celle du semeur, voici celle, bien connue, du bon grain et de l’ivraie, puis celle du grain de sénevé, et enfin celle du levain.

C’est sur la parabole du bon grain mêlé à l’ivraie que les disciples interrogent Jésus en privé. Le scandale décrit dans l’enseignement de Jésus n’est pas celui qu’on pense. Le maître a semé du bon grain et, ô surprise! dans le champ, une autre plante particulièrement nuisible, l’ivraie, se mêle au blé. Pour les serviteurs, il va de soi qu’il faut arracher cette mauvaise herbe.

Mais le maître ne raisonne pas ainsi. Il se comporte, en apparence du moins, comme quelqu’un qui n’a pas souci de son champ, lequel pourrait devenir un champ de mauvaises herbes compromettant la future récolte de céréales. Or, celui qui a semé ne décidera du sort de l’ivraie qu’au terme, quand chaque tige aura produit son fruit. A ce moment-là, l’ivraie sera liée en bottes et brûlée tandis que le bon grain récolté sera engrangé. Patience de l’agriculteur qui sait très bien que la semence est de qualité et qu’en arrachant l’ivraie trop tôt, il déracinera aussi la bonne plante!

Jésus ne donne pas une leçon d’agriculture, mais anticipe son discours sur le jugement dernier. Le Fils de l’homme sème le bon grain; le champ, c’est le monde; le bon grain, ceux du Royaume et l’ivraie, les mauvais sujets semés par le diable dans le champ du Seigneur; la moisson, c’est la fin du monde. Et Jésus d’expliquer qu’au terme le Fils de l’homme, le Seigneur, le Fils de Dieu enverra ses anges qui «enlèveront de son royaume toutes les causes de chutes et ceux qui font le mal» pour les jeter dans la fournaise.

«Jésus ne donne pas une leçon d’agriculture, mais anticipe son discours sur le jugement dernier.»

L’objet du scandale – «les causes de chute» – n’est pas dans la croissance conjointe du bon grain et de l’ivraie qui laisserait penser que l’agriculteur ne voit pas venir le désastre ou qu’il le favorise par son incompétence. L’objet du scandale, pour Jésus comme pour nous, est le mal qui tue l’être humain comme l’ivraie étouffe le blé. Jésus qui «bénit son Père d’avoir révélé aux tout petits les mystères du Royaume» (Mt 11, 25) est scandalisé par le mensonge, la fausseté, les abus de tous ordres qui déchirent l’humanité et même son Église.

Il dit qu’il vaudrait mieux que les fauteurs de trouble soient jetés à la mer plutôt que de scandaliser les plus petits auxquels il s’identifie lui-même (Mt 18, 5-7). Nous le savons aucun ivrogne, aucun prédateur, aucun cupide ou dépravé, aucun de ceux qui cherchent à nuire aux autres n’héritera du Royaume des cieux (1 Co 6, 9-10).

L’ivraie sera brûlée. Si nous assistons impuissants à la croissance de l’ivraie autour de nous, ne tolérons pas celle qui se développe dans le champ de notre cœur. Ecoutons la Sagesse qui nous enseigne que «le juste doit être humain» et qu’«après la faute, Dieu nous accorde la conversion». Le Fils de l’homme veille; il ne laissera pas l’ivraie avoir le dernier mot. Il est toujours présent lorsqu’il s’agit de faire connaître son amour aux plus petits (Mt 25,40) et de les appeler à accueillir la miséricorde du Père.

Chantal Reynier | Vendredi 17 juillet 2020


Mt 13, 24-43

En ce temps-là,
    Jésus proposa cette parabole à la foule :
« Le royaume des Cieux est comparable
à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
    Or, pendant que les gens dormaient,
son ennemi survint ;
il sema de l’ivraie au milieu du blé
et s’en alla.
    Quand la tige poussa et produisit l’épi,
alors l’ivraie apparut aussi.
    Les serviteurs du maître vinrent lui dire :
›Seigneur, n’est-ce pas du bon grain
que tu as semé dans ton champ ?
D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’
    Il leur dit :
›C’est un ennemi qui a fait cela.’
Les serviteurs lui disent :
›Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’
    Il répond :
›Non, en enlevant l’ivraie,
vous risquez d’arracher le blé en même temps.
    Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ;
et, au temps de la moisson,
je dirai aux moissonneurs :
Enlevez d’abord l’ivraie,
liez-la en bottes pour la brûler ;
quant au blé, ramassez-le
pour le rentrer dans mon grenier.’ »

    Il leur proposa une autre parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable
à une graine de moutarde qu’un homme a prise
et qu’il a semée dans son champ.
    C’est la plus petite de toutes les semences,
mais, quand elle a poussé,
elle dépasse les autres plantes potagères
et devient un arbre,
si bien que les oiseaux du ciel viennent
et font leurs nids dans ses branches. »
    Il leur dit une autre parabole :
« Le royaume des Cieux est comparable
au levain qu’une femme a pris
et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine,
jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

    Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles,
et il ne leur disait rien sans parabole,
    accomplissant ainsi la parole du prophète :
J’ouvrirai la bouche pour des paraboles,
je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde
.
    Alors, laissant les foules, il vint à la maison.
Ses disciples s’approchèrent et lui dirent :
« Explique-nous clairement
la parabole de l’ivraie dans le champ. »
    Il leur répondit :
« Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ;
    le champ, c’est le monde ;
le bon grain, ce sont les fils du Royaume ;
l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
    L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ;
la moisson, c’est la fin du monde ;
les moissonneurs, ce sont les anges.
    De même que l’on enlève l’ivraie
pour la jeter au feu,
ainsi en sera-t-il à la fin du monde.
    Le Fils de l’homme enverra ses anges,
et ils enlèveront de son Royaume
toutes les causes de chute
et ceux qui font le mal ;
    ils les jetteront dans la fournaise :
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
    Alors les justes resplendiront comme le soleil
dans le royaume de leur Père.

Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »

17 juillet 2020 | 17:00
par Chantal Reynier
Temps de lecture : env. 4  min.
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