Pierre Emonet

Évangile de dimanche: Petit, invisible et si fort

Jésus a beau annoncer le Royaume de Dieu, il n’en reste pas moins invisible. Comment y croire encore dans un monde qui n’est plus qu’un tissu de violences, de guerres, d’injustices, de rapacités. Ce ne sont pas les programmes politiques et économiques toujours recommencés, ni l’optimisme des institutions internationales ou la bonne volonté des idéalistes qui dissipent le malaise.

Où donc se cache ce fameux Royaume de Dieu objet de toutes les nostalgies d’un monde désenchanté ? Jésus en parle comme d’une réalité à venir, sans pour autant dire en quoi il consiste. Avec des images tirées de la vie de tous les jours, il veut faire comprendre à ses auditeurs qu’il ne s’agit pas d’une utopie, car la vie est bien plus que ce que l’on voit.

Comme dans ces champs qu’il traverse avec ses disciples, derrière une apparence de mort se cache une vie têtue, qui avance irrésistiblement, pour éclore au printemps en de beaux épis prometteurs de la riche moisson. Dans ce monde décevant un avenir meilleur est en germe sans qu’on ne s’en aperçoive.

«Pour ceux et celles qui se tournent vers le Christ, des signes laissent entrevoir le Royaume»

Contrairement à la graine de la parabole qui échappe à tout regard, pour ceux et celles qui se tournent vers le Christ des signes laissent entrevoir le Royaume. La vie et l’enseignement du Maître de Nazareth, l’amour du prochain promu à la hauteur du premier commandement, les Béatitudes telles un décalogue revu et mis à jour, le pardon largement accordé, les guérisons et les libérations en tout genre, sont autant de lucarnes qui s’entrouvrent pour laisser pressentir ce Royaume qui comble tous les désirs. Impressions modestes et furtives, certes, mêlées de faiblesse humaine, mais suffisantes pour relancer la confiance. Qui met ses pas dans ceux du Christ n’est pas loin du Royaume de Dieu.

Et il y a plus. Vous attendez la venue du Royaume de Dieu comme un bouleversement, la manifestation de la puissance divine capable de faire fumer la montagne du Sinaï. Détrompez-vous, dit le Seigneur. Il s’agit d’une graine minuscule, si petite qu’il est facile de la perdre de vue, mais capable de donner naissance à une plante si imposante qu’elle sert de refuge aux oiseaux du ciel… et pas seulement à eux !

«Le Royaume de Dieu progresse à travers la modestie de gestes quotidiens»

La vigueur et la force de l’avenir se cachent dans ce qui est tout-petit. Le Royaume de Dieu progresse à travers la modestie de gestes quotidiens, à la portée de tous, insignifiants d’apparence, auxquels on ne prête guère d’attention. La disproportion est précisément le signe de l’action divine.

«Ne pas être contraint par le plus grand, et se laisser pourtant contenir par le plus petit, voilà qui est divin» (Éloge funèbre d’Ignace de Loyola).

Pierre Emonet SJ | Vendredi 14 juin 2024


Mc 4,26-34

En ce temps-là,
parlant à la foule, Jésus disait :
« Il en est du règne de Dieu
comme d’un homme qui jette en terre la semence :
nuit et jour,
qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit,
il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe,
puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.
Et dès que le blé est mûr,
il y met la faucille,
puisque le temps de la moisson est arrivé. »

Il disait encore :
« À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?
Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ?
Il est comme une graine de moutarde :
quand on la sème en terre,
elle est la plus petite de toutes les semences.
Mais quand on l’a semée,
elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ;
et elle étend de longues branches,
si bien que les oiseaux du ciel
peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables,
Jésus leur annonçait la Parole,
dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre.
Il ne leur disait rien sans parabole,
mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

«À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter? Il est comme une graine de moutarde» | © Evangile et peinture
14 juin 2024 | 17:00
par Pierre Emonet
Temps de lecture : env. 3  min.
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