Jean-Michel Poffet

Evangile de dimanche: la bonne longueur d’ondes…

L’évangile de ce dimanche me fait penser à une situation embarrassante: lorsqu’en voiture vous souhaitez écouter un programme-radio et que vous recevez surtout des parasites parce que vous vous trouvez dans une zone mal desservie. C’est la situation de beaucoup de nos contemporains. Ils perçoivent quelque chose du christianisme, mais surtout des parasites, du brouillage, de la confusion.

Leur faute? la nôtre? Peu importe ici. Mais revenons à cette scène majeure de l’évangile selon saint Matthieu. Jésus est arrivé dans la région de Césarée de Philippe, au pied du Mt Hermon, au nord de l’Israël actuel. C’est là, aux frontières, qu’il soumet ses disciples à ce que nous appellerions aujourd’hui un sondage d’opinion. Les gens, que disent-ils du Fils de l’Homme? Et aujourd’hui que dit-on? que croit-on? parmi les jeunes, les pratiquants réguliers ou non.

Les disciples répondent à la question du Christ: pour les uns, Jésus est un Jean-Baptiste ressuscité, pour d’autres un Elie ou encore un Jérémie revenu, autrement dit ils le prennent pour un prophète. Alors Jésus les provoque, et c’est un moment capital pour les disciples comme pour nous: «pour VOUS, qui suis-je?» Il appartient à Pierre de proclamer au nom des apôtres le cœur de la foi de l’Eglise: «tu es le Christ (le Messie), le Fils du Dieu vivant».

«Nous voilà avertis: les sondages d’opinion, c’est bien, c’est souvent instructif. Mais ce n’est pas cela qui nous donnera le regard ajusté sur Jésus, sur l’Eglise, sur notre condition de disciple.»

Cette réponse dépasse évidemment toutes les approximations citées auparavant. Il y a un abîme entre le fait de reconnaître Jésus comme prophète ou même comme Messie d’Israël et la confession de sa divinité. C’est bien pourquoi Jésus précise immédiatement que cette confession de foi ne vient pas de la seule perception humaine de Pierre (la chair et le sang) mais du Père des cieux. De même, accepter de voir dans l’Eglise un don du Christ, fondée sur la foi de Pierre et gardée dans la fidélité à l’Evangile par le Christ lui-même, cela aussi dépasse un seul regard humain: «sur cette pierre, je bâtirai MON Eglise», précise Jésus. Et rien ni personne ne pourra la ruiner définitivement, quelles que soient les épreuves, les faiblesses, les scandales, les attaques venues du dehors, mais aussi, hélas, du dedans.

Nous voilà avertis: les sondages d’opinion, c’est bien, c’est souvent instructif. Mais ce n’est pas cela qui nous donnera le regard ajusté sur Jésus, sur l’Eglise, sur notre condition de disciple. Pour cela, il faut une lumière venue d’en haut: ça s’appelle la foi. Il y faut un climat d’écoute, d’accueil, de prière. Alors de grâce, mettons-nous sur la bonne longueur d’onde.

Jean-Michel Poffet | Vendredi 21 août 2020


Mt 16, 18

En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »
Alors, il ordonna aux disciples
de ne dire à personne que c’était lui le Christ.

«Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.» © Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
21 août 2020 | 17:00
par Jean-Michel Poffet
Temps de lecture : env. 3  min.
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