Pierre Emonet

Évangile de dimanche: entre hauts et bas

Dans le texte original, le récit de la Transfiguration commence par une précision de calendrier malheureusement escamotée dans le lectionnaire du dimanche. L’Évangéliste écrit: Six jours après, Jésus emmène trois disciples sur une montagne. Que s’était-il passé six jours plus tôt?

Jésus avait annoncé sa Passion et précisé que pour le suivre il fallait porter sa croix. Plombés par ces sombres propos les disciples ne se montraient guère enthousiastes. Convaincus de faire un bon choix, ils avaient tout quitté pour suivre Jésus dans l’espoir qu’il était le Messie qui rendrait à Israël sa liberté et sa dignité. Et voici qu’il leur proposait d’assumer un échec. Du coup, le doute s’était insinué dans leurs cœurs.

Six jours plus tard, sur une montagne, lieu traditionnel des manifestations divines, une expérience lumineuse dissipe la grisaille. Ces hommes découvrent une autre face du Christ. À travers celui qui va à la mort et leur parle de croix ils voient comme en transparence la divinité. La présence d’Élie (les Prophètes) et de Moïse (la Loi) évoque la longue marche de l’humanité à sa recherche. Bouleversés, ravis les disciples n’ont plus qu’un désir, s’installer dans ce bonheur sans jamais en sortir. Pierre, qui plane un peu trop à en croire l’Évangile, est prêt à organiser le campement.

«N’ayez pas peur, vous avez bien fait le bon choix…»

Une nuée les enveloppe, qui signe la présence insaisissable de Dieu. Venue d’ailleurs, la même voix qui s’était fait entendre au baptême de Jésus, confirme et rassure: «N’ayez pas peur, vous avez bien fait le bon choix. Il est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le, faites-lui confiance.»

L’expérience sur la montagne a confirmés les disciples dans leur choix, mais la routine quotidienne a repris ses droits sur cette heureuse parenthèse. Bien vite, ils ne voient plus que le Jésus des jours ordinaires, celui qui les emmène vers la Passion et la croix. Dans leur cœur, cependant, tout a changé ; désormais ils savent qu’ils sont sur un bon chemin.

Alternant entre des moments de déprime, de repli sur soi, d’ouverture, de paix, entre consolations et désolations notre vie nous entraine sur des montagnes russes. Si, à l’instar des disciples, nous ne voyons pas le Christ dans son habit de gloire, ni même dans sa tenue de tous les jours, il nous reste sa Parole pour dissiper le doute et ranimer la confiance. La voix intérieure reprend la recommandation du Père sur la montagne: «Écoutez-le».

«La parole au Christ, dans nos journées, colorie notre rapport aux personnes»

Lorsque l’Évangile redonne la parole au Christ dans l’ordonnance de nos journées, il colorie notre rapport aux personnes, aux événements et à nous-mêmes. Dans nos cœurs, la joie et la paix réinvestissent le terrain, l’espoir, la confiance et l’amour retrouvent leur élan. Ces moments de consolations rassurent, ils témoignent que nous sommes sur le bon chemin. Comme les disciples, on voudrait que cela dure toujours!

Pierre Emonet SJ | Vendredi 23 février 2024


Mc 9, 2-10

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

«Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent» | © Flickr/LawrenceOP/CC BY-NC-ND 2.0
23 février 2024 | 17:30
par Pierre Emonet
Temps de lecture : env. 3  min.
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