Evangile de dimanche: Dieu et nos impôts…
Qu’est-ce que Dieu peut avoir à faire avec l’argent de nos impôts? Le fidèle de ce dimanche peut légitimement être étonné de ce débat auquel il se trouve invité. En fait, un débat piégé d’avance puisque ce n’est pas une simple question que posent à Jésus des Pharisiens et des partisans d’Hérode. Ils viennent pour tenter de le piéger.
Sur quoi vont-ils l’interroger? Un sujet de mystique? Oh non, il faut trouver quelque chose de plus clivant, de plus risqué aussi. Eh bien interrogeons-le sur les impôts… Est-il permis ou non de les payer? Nous sommes si habitués à la séparation des domaines – le profane d’un côté et le sacré de l’autre – que nous ne voyons même plus le problème. Précisément, la distinction est une chose, la séparation en est une autre. Le terrain était miné, parce que si Jésus répondait «oui», ils allaient alors le traiter de collaborateur avec l’occupant romain au pouvoir et qui percevait l’impôt. Et s’il répondait «non», on pourrait alors le dénoncer aux autorités pour rébellion.
«Notre relation à Dieu ne se laisse pas partager en pourcentage. Un tiers, deux tiers? Moitié-moitié? 6 jours pour nos affaires, le 7e pour Dieu?»
Jésus s’en tire habilement. Il fait intervenir une autre instance dans la problématique: impôt oui ou non… Et c’est Dieu! Etrange, non? N’y a-t-il pas une autonomie du politique ? Jésus demande qu’on lui présente une pièce de monnaie. Les fouilles archéologiques ont mis à jour des milliers de pièces de l’époque. Y figure l’effigie de l’empereur, parfois surmontée d’une étoile avec une inscription: «Tibère César» (qui a régné de 14 à 37) avec ces mots décisifs: «Auguste, fils du divin Auguste».
Pour les partisans d’Hérode, il fallait évidemment payer, la collaboration était leur quotidien. Quant aux Pharisiens, Jésus leur demande de montrer une pièce de monnaie qu’ils avaient dans leur poche: donc ils s’accommodaient assez bien de cette obligation, malgré l’image choquante de l’empereur divinisé.
Jésus évite donc le piège et leur demande de bien regarder la pièce de monnaie qu’ils ont en main. Cette effigie, qui représente-t-elle? Evidemment, l’empereur. Eh bien, payez à César ce lui ce qui lui revient (pour le bien de tous), mais à Dieu payons ce qui lui revient, c’est-à-dire toute notre vie. Notre relation à Dieu ne se laisse pas partager en pourcentage. Un tiers, deux tiers? Moitié-moitié? 6 jours pour nos affaires, le 7e pour Dieu?
Le Seigneur requiert notre obéissance et à lui seul va notre vénération. Cela n’empêche nullement de payer nos impôts, signe de notre solidarité au sein de la société. Tout au contraire. Le sens de Dieu ne nous écarte pas de nos obligations concrètes, y compris en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Jean-Michel Poffet | Vendredi 16 octobre 2020
Mt 22,15-21
En ce temps-là,
les pharisiens allèrent tenir conseil
pour prendre Jésus au piège
en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples,
accompagnés des partisans d’Hérode :
« Maître, lui disent-ils, nous le savons :
tu es toujours vrai
et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ;
tu ne te laisses influencer par personne,
car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.
Alors, donne-nous ton avis :
Est-il permis, oui ou non,
de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Connaissant leur perversité, Jésus dit :
« Hypocrites !
pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. »
Ils lui présentèrent une pièce d’un denier.
Il leur dit :
« Cette effigie et cette inscription,
de qui sont-elles ? »
Ils répondirent :
« De César. »
Alors il leur dit :
« Rendez donc à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. »
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