Évangile de dimanche: Des cadeaux qui révèlent
Bonne nouvelle: désormais, si les cadeaux que vous recevez ne vous conviennent pas, il est très facile de les revendre en ligne! C’est ce qu’ont fait des centaines de milliers de nos contemporains dès le 25 décembre. Marie et Joseph – s’ils avaient vécu au 21e siècle, auraient-ils été de ceux-là? À peine les mages partis, se seraient débarrassés de ces curieux cadeaux, apparemment bien inadéquats, que sont l’or, l’encens et la myrrhe?
Certainement pas. Car ces présents convenaient éminemment au nouveau-né de Bethléem. Pas question de s’en départir. La prière sur les offrandes de la messe de l’Épiphanie nous en donne la raison: «ton Église ne t’offre plus ni l’or, ni l’encens, ni la myrrhe, mais Celui que ces présents révélaient…» Les cadeaux des mages à Jésus le révèlent. Ils sont adéquats à la Révélation de Dieu venu dans la chair.
Mais que nous révèlent-ils? L’évangéliste Matthieu ne le dit pas mais compte sur la sagacité de ses lecteurs et leur connaissance des Écritures pour décrypter le sens de ces présents.
«L’or est dans bien des cultures un attribut royal»
Pour l’or et l’encens, la liturgie du jour et le sens commun nous aident: dans la prophétie d’Isaïe lue en première lecture, ce sont les deux dons apportés par les gens de Saba attirés à Jérusalem par la gloire qui s’est levée sur elle. L’or est dans bien des cultures un attribut royal. Il convenait donc de l’offrir au roi de Judée qui venait de naître. Quant à l’encens, il est offert aux divinités. L’évangéliste révèle ainsi que la divinité du Christ que manifestera sa résurrection, est déjà présente au début de sa vie.
Mais la myrrhe? Les Pères de l’Église l’ont souvent interprétée comme une annonce de la passion et de la mort de Jésus. C’est avec de la myrrhe en effet que Nicodème et Joseph d’Arimathie ont embaumé le corps de Jésus. Mais si l’on regarde les occurrences du mot dans la Bible, on remarque que le terme est employé surtout dans le Cantique des Cantiques: sept fois dans ce tout petit livre et dix fois seulement dans le reste des Écritures!
«La myrrhe semble signifier l’amour qui se répand, qui déborde et ruisselle»
Dans ce chant d’amour du bien-aimé et de sa bien-aimée, la myrrhe semble signifier l’amour qui se répand, qui déborde et ruisselle. Une fois, elle semble contenue dans un sachet posé sur le cœur de la bien-aimée qui le compare au bien-aimé lui-même. Le registre des parfums est éloquent de l’intimité de l’amour, de sa communication, de l’attrait qu’il exerce, de l’union qu’il réalise.
Si on transpose l’amour des bien-aimés du Cantique à l’amour de Dieu pour l’humanité en Jésus venu dans la chair – comme l’a toujours fait la Tradition – on comprend combien le présent des mages est révélateur de sa mission même. La myrrhe devient symbole de l’union de Dieu avec nous, accomplissement de l’alliance qu’il a établi depuis Abraham. Il n’est pas étonnant alors que ce parfum réapparaisse au moment de la passion de Jésus. C’est la signature de l’amour suprême qui va jusqu’à donner sa vie.
«Les présents des mages ne révèlent pas seulement Jésus mais aussi chacun des baptisés»
Alors, les présents des mages ne révèlent pas seulement Jésus mais aussi chacun des baptisés car en lui nous sommes faits rois et divinisés. Et capables ainsi de lui rendre amour pour amour et d’exhaler sa bonne odeur.
Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 3 janvier 2025
Mt 2 , 1-12
Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
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