Barbara Fleischmann

Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif?

«Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif?».
Voilà la difficile question posée à Jésus. Elle est même un piège que les pharisiens lui tendent. Leur intention est de mettre Jésus en contradiction avec l’enseignement de Moïse.
Dans (le contexte de) la société juive, le divorce était légal. En effet, la Loi de Moïse dit (Dt 24, 1): «Si un homme a pris une femme et consommé son mariage; et si cette femme n’a pas trouvé grâce à ses yeux, ou s’il a découvert une tare à lui imputer; il peut rédiger pour elle un acte de répudiation et la renvoyer de chez lui».
Pour bien comprendre cette affirmation, il faut la replacer en contexte. Moïse vivait dans un monde polygame où le divorce et l’arbitraire étaient très répandus. Et cet arbitraire pouvait prendre des proportions absolument choquantes pour nous. Ainsi pour Rabbi Hillel, un homme pouvait répudier son épouse pour tout ce qui déplaisait au mari, comme par exemple la stérilité, l’inaptitude aux tâches domestiques ou même le manque d’attirance. L’homme pouvait même répudier sa femme pour le seul motif d’avoir laisser brûler le repas!
Pour lutter contre les caprices arbitraires Moïse donna un cadre légal aux séparations. Son intention n’a jamais été de faire du divorce une institution de Dieu, mais bien plutôt de protéger la femme de l’arbitraire de son mari. Ainsi le mari devait-il donner à sa femme une lettre de répudiation lui permettant de se remarier. Il s’agissait d’une ultime tentative de préserver le minimum de droit à l’épouse; ce document en effet lui permettait d’échapper à la honte du soupçon d’inconduite, et de se remarier en toute légalité.
Attention, cette parole du Dt n’a évidemment jamais été un commandement, mais plutôt une permission accordée, concédée par Moïse de mauvaise grâce parce qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement «à cause de leur dureté de cœur». (De même pour nous, aussi aujourd’hui, il est important de se souvenir que ce qu’autorise la loi civile ne nous oblige pas!).
A l’origine, nous enseigne Jésus, il n’en n’était pas ainsi. Le projet originel de Dieu, c’est de les créer Homme et Femme et que tous deux ne fassent plus qu’un. Mais le péché d’Adam est venu salir ce beau projet de Dieu, et l’homme et la femme ont été divisés. Alors Jésus vient rétablir l’unité originelle.
Pour l’évangéliste nous écrivant après Pâque, la vie chrétienne est marquée par la Résurrection, la victoire de la vie sur la mort, la victoire du pardon sur le péché. Le mariage devient ainsi le signe de l’amour du Christ. Un sacrement si fort qu’aucun homme, pas même Moïse, ne peut le rompre. Car L’amour de Dieu pour son Eglise est un Amour fidèle et indissoluble.

 

Dès l’origine, Dieu veut l’unité indissoluble: «Dieu dit: «Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa». C’est l’homme et la femme, unis l’un à l’autre qui sont image de l’unité de Dieu. L’homme et la femme par leur amour sont signes de l’amour de Dieu. «L’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair». Le Dieu un en trois personnes a créé l’humanité à son image: à deux ils ne font qu’un.

Cette volonté ne doit pas tomber dans l’oubli. Là est l’idéal vers lequel tend tout amour, sans que l’on ne puisse jamais prétendre le vivre parfaitement. Jésus montre un idéal qui dépasse le cadre de la loi.

Il faut contempler le projet de Dieu sur l’homme et la femme et non pas raisonner en permis ou défendu. Dieu a un projet pour l’homme et la femme. DIEU A UNE OPINION SUR L’AMOUR DU COUPLE. C’est ce qu’il a exprimé dans sa création.

C’est parce que Jésus savait que ce serait difficile qu’il a institué le sacrement du mariage. Le sacrement du mariage, c’est le don de Dieu qui guérit l’incapacité de l’homme et de la femme à aimer comme Dieu nous aime, c’est-à-dire par un amour fidèle est indéfectible. Les époux chrétiens n’ont pas seulement le devoir de rester fidèles jusqu’à la mort, mais ils ont également les aides nécessaires pour le faire. Ces aides sont données par le sacrement du mariage.
Tout cela est bien beau, mais notre société voit un mariage sur deux finir en divorce. Alors que faire? Pour la bonne bouche, je vous propose une recette pour obtenir une famille savoureuse.
Une mesure bien tassée d’amour vrai,
Beaucoup d’écoute et de compréhension,
Une bonne dose de disponibilité
Mélangée à quelques grammes de douceur et de calme.
Ajoutez un rien de fermeté.
Cherchez un peu de bonne volonté.
Assaisonnez avec de la droiture et de la sincérité
Afin de conserver le bon goût de la vérité.
Râpez les désirs égoïstes,
Les brusqueries et les impatiences.
Faites fondre votre orgueil et votre suffisance.
Trouvez dans vos réserves quelques graines de foi inébranlables,
Une espérance sans conditions.
Saupoudrez le tout de tendresse,
Faites revenir à la surface
Des tranches entières d’accueil et de dons.
Additionnez de dialogues et menus services,
Mercis bien placés, don de soi sans retour.
Laissez mijoter longtemps dans la patience.
Avant de présenter, flamber dans la joie
Et, si possible dans un grand élan de prière.
Complétez par un petit verre d’humour.
Et vous obtiendrez une famille savoureuse,
Des parents aimants, des jeunes libres et joyeux.
Une bonne entente entre tous.

Amen.

 

Père Jérôme Jean

3 octobre 2012 | 11:53
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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