Donald Trump : un janus à double face
[NB: Samedi 7 novembre, Joe Biden a été déclaré président élu. Donald Trump ne l’a toujours pas reconnu]
Trump a deux visages, car il avance masqué, même quand il transgresse les règles sanitaires et se moque des porteurs de masques. Ennemi de toute vraie démocratie, hostile aux règles de la discussion rationnelle, il raille en même temps la prétendue démocratie de son adversaire.
Il se présente comme le parangon du discours direct, de la vérité toute nue, tous ceux qui s’opposent à lui sont des fonctionnaires de la politique, des hypocrites, des esprits installés. Trump est selon ses propres termes le seul esprit libre, celui qui pense par lui-même, celui qui a toujours raison. C’est un démagogue accompli, un démagogue de la démocratie solitaire, un adepte inconditionnel de la masturbation intellectuelle et du bavardage politicard. L’Amérique des quatre prochaines années devra de toute façon faire avec ce monstre sacré, que ce soit dans un deuxième mandat bien ténébreux ou avec son ombre portée tétanisant son successeur. Trump vainqueur aura le triomphe facile du manipulateur jouisseur. Ou Trump devra se contenter d’être le mauvais perdant d’une compétition tronquée (selon lui).
Dans les deux cas, les Etats-Unis seront les grands vaincus de la course. Repartis pour une seconde tromperie, ou obligés de se refaire une beauté après quatre ans d’égarement. La démocratie aura peut-être gagné quant à la forme, mais elle aura beaucoup perdu sur le fond. Vainqueur ou vaincu, Joe Biden, grandement aidé par Kamala Harris, aura de toute façon sauvé l’honneur en essayant contre vents et twitters de maintenir la dignité de la politique.
«Si Trump rempile pour 4 ans, ce sera une désolation et une catastrophe, bien au-delà des Etats-Unis.»
J’ai écrit ces quelques lignes au matin du 3 novembre, puis à la fin de la nuit américaine, mercredi matin. Le résultat de l’élection est toujours incertain, même si une victoire de Trump paraît légèrement plus probable. Mais il nous faut garder distance par rapport au torrent idéologique qui menace toute démocratie.
Il ne fait pas de doute, enfin, que les positions de Trump dans le domaine de l’éthique individuelle auront été soutenues aussi bien par les catholiques conservateurs que par les évangéliques et les fondamentalistes. Par contre, le scepticisme anti-climat de Trump est beaucoup plus éloigné des positions chrétiennes dans leur ensemble ; et on trouvera peu de chrétiens prêts à soutenir les coups de gueule décevantes du président sur le COVID-19. Ce qui frappe avant tout, c’est la grossière incohérence et la légèreté de la posture trumpienne.
Le trumpisme, comme l’appellent les politiques, n’est pas seulement une version radicalisée de la pensée républicaine américaine. C’est aussi un mixte ambigu de politique, de religion et de démagogie. Si Biden nous en libérait, ce serait une bonne nouvelle. Si Trump rempile pour 4 ans, ce sera une désolation et une catastrophe, bien au-delà des Etats-Unis. Comprenez alors pourquoi, comme des millions d’Américains et de citoyens de par le monde, je ne puis écrire à son sujet qu’avec tristesse et révolte.
Denis Müller
4 novembre 2020
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