François-Xavier Putallaz

De la vie ou de la mort

La Suisse va-t-elle initier un processus irréversible dans la sélection eugénique de la vie humaine? Va-t-elle s’arroger le droit exorbitant de décider qui mérite de vivre et qui ne le mérite pas? Tel est l’enjeu majeur de la votation du 14 juin.

Car c’est bien d’eugénisme qu’il s’agit: désormais il serait possible de procréer sous condition. Normalement, la procréation consiste en une transmission de la vie où les parents accueillent un enfant pour ce qu’il est! C’est cela aimer!

Avec le diagnostic préimplantatoire, on produit en laboratoire une douzaine d’embryons afin de les trier ensuite en raison de certaines propriétés. Notez qu’il ne s’agit même pas de maladie, mais d’une probabilité de 25% de développer une maladie grave avant l’âge de 50 ans. Le processus réside donc bel et bien en une sélection: on ne vise pas le futur enfant en l’aimant pour lui-même tel qu’il est, mais en le choisissant en raison de propriétés déterminées. La dignité humaine, intrinsèque à l’être humain disparaît au profit d’une hypothétique «qualité de vie» ou, pire, de «vie digne d’être vécue» ; et ceux qui ne répondent pas à ce critère qualitatif sont aussitôt rejetés comme des déchets.

Une telle procréation sous réserve, qui relève moins de l’amour que d’une mentalité individualiste et consumériste, constitue bel et bien une forme d’eugénisme (»bonne naissance»). Non pas un eugénisme racial d’Etat, un eugénisme planifié comme aux années sombres du XXe siècle, mais un eugénisme libertaire, bien plus sournois puisqu’il se cache sous les oripeaux sympathiques de la compassion. Sous couvert de réelle souffrance ou d’angoisse, la liberté individuelle s’arroge ainsi le droit effrayant de supprimer les porteurs d’une maladie, au lieu de les aider. Sélectionner arbitrairement qui mérite de vivre et qui ne le mérite pas ne constitue-t-il pas une régression dans notre humanité ?

Cf. Les enjeux du diagnostic préimplantatoire (Nova & Vetera)

«On ne vise pas le futur enfant en l'aimant pour lui-même tel qu'il est, mais en le choisissant en raison de propriétés déterminées.»
20 mai 2015 | 14:10
par François-Xavier Putallaz
Temps de lecture : env. 1  min.
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