«Ils» sont morts noyés près de l’île de Lampedusa. Des hommes, des femmes, des enfants. Leur nombre s’écrit en centaines.
Trait d’union tragique entre l’Europe et l’Afrique, témoin dramatique des souffrances et des incohérences de notre monde, l’île italienne de Lampedusa devrait habiter la conscience de tout homme qui se dit civilisé.
Comment en est-on arrivé là?
Personnellement, suivant d’ailleurs le cri du Pape pour un réveil d’évangile, je me sens particulièrement bien placé, non pas pour trouver des solutions – y en a-t-il? – mais au moins pour proposer une lecture du monde qui privilégie le trait d’union plutôt que le point final!
Mon ministère de prêtre est au service de deux paroisses : une très pauvre dans la brousse (désespérante de misère) au Congo, l’autre dans une Suisse qui ne sait plus à quoi cela lui sert d’être riche.
Lampedusa me semble être un «centre de gravité», un axe à partir duquel on peut lire le monde d’aujourd’hui avec ses drames et ses espérances, avec ses tensions et ses forces.
On ne comprendra rien demain, si on ne se pose pas de bonnes questions aujourd’hui.
Au cinéma, on a titré «Hiroshima mon amour» l’histoire d’une Européenne qui veut tourner au Japon un film sur la paix ! Moi, simplement, humblement, je voudrais écrire des chroniques chablaisiennes et congolaises sur la civilisation. Alors pourquoi pas «Lampedusa mon amour»... Comprenne qui pourra!