Nigeria: Nouveaux affrontements entre musulmans et chrétiens à Jos
Déjà près de vingt morts
Abuja, 30 août 2011 (Apic) Au moins 18 personnes ont été tuées et une cinquantaine de blessés lors de nouveaux affrontements interconfessionnels entre musulmans et chrétiens qui ont début lundi 29 août à Jos, capitale de l’Etat du Plateau, au centre du Nigeria, annonce le quotidien nigérian «National Mirror» dans son édition du mardi 30 août 2011. Cette localité de quelque 500’000 habitants est depuis de nombreuses années régulièrement secouée par des violences ethniques ou religieuses.
Un responsable musulman local, Musa Shuaibu, a fait état d’au moins trois personnes tuées, mais le bilan s’avère d’ores et déjà plus lourd. Sans confirmer ce bilan, le responsable de la communication du gouvernement de l’Etat du Plateau, Abraham Yiljap, a précisé que la police donnerait un bilan officiel «plus tard». «Il y a eu des affrontements entre fidèles (…), la situation est sous contrôle», a confirmé, pour sa part, Emmanuel Dipo Ayeni, responsable de la police de l’Etat du Plateau.
Versions divergentes
D’après des témoins, les affrontements ont éclaté lorsqu’un groupe de musulmans s’est rendu sur un lieu de prière à Rukuba road, dans un quartier de la ville de Jos majoritairement habité par des chrétiens, pour marquer la fin du mois sacré du ramadan.
Selon le «National Mirror», les musulmans ont lancé des pierres à un groupe de jeunes chrétiens, les accusant d’essayer de les empêcher de prier en ce lieu. Selon d’autres sources, les chrétiens ne voulaient pas laisser partir les musulmans après leur prière. Ils voulaient se venger des explosions de bombes qui avaient secoué Jos la veille de la fête chrétienne de Noël, le 24 décembre 2010, et avaient causé au moins une centaine de morts . L’armée a réussi à évacuer les musulmans.
Lors des violences, des motos, des voitures, et des commerces ont été incendiés. Des tirs ont été entendus, vraisemblablement des tirs de semonce des soldats pour disperser la foule. L’Etat du Plateau est situé dans le centre du Nigeria, entre le nord, majoritairement musulman et le sud essentiellement chrétien. Les derniers affrontements entre musulmans et chrétiens à Jos remontent au mois d’avril dernier.
L’archevêque de Jos déplore ces nouveaux incidents sanglants
«Une fois encore, un désaccord entre deux groupes a débouché sur des violences et ceci est préoccupant, triste voire même embarrassant», a déclaré au lendemain des affrontements Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque de Jos, à l’agence d’information vaticane Fides. Mgr Kaigama qui se trouve à Abuja pour une réunion de la Conférence épiscopale du Nigeria, relève qu’il s’est agit d’un désaccord entre un groupe de musulmans qui se dirigeait dans une zone particulière et un autre groupe composé de jeunes chrétiens qui se rendait dans la même zone pour y prier. «Il en est né une diatribe sur le fait de savoir à qui appartenait la zone, diatribe qui, malheureusement, a dégénéré en violences qui ont provoqué des morts, des blessés et des dommages matériels, dont la destruction de différentes voitures et d’autres véhicules».
Au Nigeria, la tension demeure élevée après l’attentat qui a frappé le siège de l’ONU dans la capitale fédérale, Abuja, et qui a fait des dizaines de morts. Mgr Kaigama, se référant à la situation au Nigeria affirme qu’il est vraiment «déprimant voire même embarrassant» de recevoir chaque jour du pays des nouvelles relatives à des attaques à la bombe et à des violences dans différentes parties du pays.
«Cette situation interpelle en premier lieu les autorités civiles qui doivent garantir la sécurité. Espérons que quelque chose soit fait urgemment. Les Nigérians se sentent tristes et éprouvent même un sentiment de honte pour les violences continuelles. En tant qu’évêques, nous continuons à adresser des appels aux autorités afin qu’elles fassent leur devoir et à la population afin qu’elle adopte le dialogue comme voie de résolution des controverses», affirme encore l’archevêque de Jos. (apic/ibc/fides/be)