Un miracle, entre jalousie, scepticisme et admiration
France: «Lourdes», un long-métrage austro-français, sort le 27 juillet au cinéma
Lourdes, 27 juillet 2011 (Apic) «Lourdes», le film de la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner sort le 27 juillet dans les salles. Ce long-métrage austro-français, avec pour actrice principale Sylvie Testud, interroge à la fois sur le miracle et sur l’injustice qu’il peut susciter chez tous les pèlerins en quête de guérison.
Atteinte de sclérose en plaques, Christine (Sylvie Testud) a passé la majeure partie de sa vie clouée dans un fauteuil roulant. Elle se rend à Lourdes, dans le cadre d’un pèlerinage organisé par l’Ordre de Malte, plus pour sortir de sa solitude que par conviction religieuse. Elle se réveille un matin guérie par un miracle. Le chef du groupe de pèlerinage, un séduisant membre de l’ordre de Malte commence alors à s’intéresser à Christine. Sa guérison suscite jalousie, scepticisme et admiration, mais elle tente de profiter de cette nouvelle chance.
Un regard décalé
Pour son troisième long métrage, après «Lovely Rita» et «Hotel», la cinéaste autrichienne, née en 1972, a choisi Lourdes, lieu de pèlerinage par excellence. «Si sa mise en scène ne manque pas d’un certain talent, Jessica Hausner fait œuvre ici d’observation, essayant manifestement de débusquer les faux-semblants et les contradictions dans l’attitude des pèlerins et de leurs accompagnateurs. Pour elle, la foi est un mystère qui se double d’injustice, lorsque le miracle vient toucher ceux qui ne le demandaient pas avec insistance», écrit le journaliste Bruno Bouvet, sur le site Internet du quotidien catholique français «La Croix».
Au final, Jessica Hausner ne porte pas de jugement. Elle laisse entière l’interrogation de la guérison. Le spectateur est libre d’y voir ou non une intercession divine. «Au-delà du miracle, le film propose ainsi une méditation sur l’espoir et l’amour, et pourquoi pas le Salut, face à la brutalité du destin. Ce regard décalé peut choquer les milliers de personnes qui ont trouvé à Lourdes espoir et réconfort, mais cette approche du mystère de la foi et de l’inexplicable, grâce à l’interprétation de Sylvie Testud en paralysée, touche juste», conclut Bruno Bouvet.
Ni satire ni prosélytisme
Un film que Mgr Jacques Perrier, archevêque de Tarbes et Lourdes, a pour sa part jugé, le 15 juillet lors d’une conférence de presse, «triste et ambigu» et «déloyal» vis-à-vis des sanctuaires, qui avaient autorisé le tournage.
Le public jugera ce long-métrage qui, selon Antoine Duplan, dans le journal «Le Temps» du 27 juillet, «ne relève ni de la satire féroce ni du prosélytisme de quelque édifiant documentaire produit par l’Eglise».
«Lourdes», un film de Jessica Hausner. Avec Sylvie Testud, Léa Seydoux et Bruno Todeschini. Durée: 1 h 39 min. Prix Signis (jury œcuménique) et Prix Fipresci (critique internationale), à la Mostra de Venise en 2009. (apic/lacroix/letemps/nd)