Vaud: Une demande pour que l’Islam soit reconnu d’intérêt public

Les musulmans dévoilent leurs axes stratégiques

Lausanne, 10 mai 2011 (APIC) L’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), environs 10’000 musulmans, affiche ses ambitions en vue d’être reconnue d’intérêt public à l’instar des réformés, des catholiques et de la communauté israélite. Depuis la dernière assemblée générale du mois d’avril 2011, l’association a adopté une nouvelle orientation stratégique. Explications avec Pascal Gemperli, son vice-président, qui éclaircit les nouveaux axes stratégiques pour ces années à venir.

L’adoption de l’interdiction des minarets à 57,5% par le peuple suisse en 2009 n’a pas du tout démoralisé les musulmans du canton de Vaud. «Elle nous a plutôt mis la puce à l’oreille et nous nous organisons aujourd’hui pour demander au canton de Vaud d’inscrire l’Islam sur la liste des confessions reconnues d’intérêt public dans le canton», confie Pascal Gemperli. Cet ancien catholique, qui s’est converti en 2005, estime que ceux qui ont voté pour l’initiative n’ont encore rien saisi de l’Islam. «Ce n’est pas une religion qu’on peut comprendre par la seule lecture du coran ou certains signes religieux comme le foulard», explique cet ingénieur en communication. Pascal Gemperli affirme avoir découvert l’Islam par le dialogue avec les musulmans, des cours sur cette religion, des voyages dans des pays comme l’Egypte, la Syrie et le Maroc.

Améliorer la visibilité des musulmans

Sur cette lancée, le vice-président de l’UVAM participe actuellement au développement de nouveaux axes stratégiques de l’association. Concrètement, le travail consiste à améliorer la visibilité des musulmans et de l’UVAM, afin de renforcer la confiance et la compréhension au sein de la population vaudoise, qui avait dit non à l’initiative sur l’interdiction des minarets. Tout en réitérant ses remerciements au peuple vaudois, Pascal Gemperli estime qu’il faut faire connaître les besoins et les positions des musulmans, et participer activement à l’élaboration de solutions constructives pour les questions qui nécessitent de l’attention. «Tout le monde est gagnant quand il y a la cohésion au sein de la population», estime notre interlocuteur, qui en appelle à la promotion de l’intégration et la reconnaissance sociale des musulmans. Pour celui qui se qualifie d’artisan du dialogue avec l’autre, c’est sur ce dernier point que l’UVAM veut centrer ses priorités, en collaborant avec les autorités cantonales pour la reconnaissance légale de l’Islam tel que préconisé dans la constitution vaudoise. La stratégie des musulmans du canton consistera également à consolider les structures existantes, tout en assurant la représentativité de l’UVAM en tant que fédération de la communauté musulmane.

Directeur au sein du Service des communes et des relations institutionnelles, Eric Golaz affirme que personne n’a encore reçu de demande concernant ce plan stratégique de l’UVAM. Il précise que dès qu’une demande de reconnaissance du statut d’intérêt public sera déposée, elle sera soumise à l’étude pour voir si elle remplit les conditions légales. Une procédure qui est évidemment longue et qui, sous forme de projet de loi, doit passer au Grand conseil avant de finir éventuellement en référendum populaire.

Dans tous les cas, les aumôniers musulmans attendent impatiemment le fruit de la démarche de l’UVAM. Ils espèrent par exemple être épargnés de nombreuses procédures d’accès aux établissements pénitenciers et hospitaliers, qui passent parfois par des fouilles corporelles. «Mon impression est que pour le moment, nombreux sont ceux qui sont frileux face à un aumônier musulman», constate Mostafa Brahami, aumônier bénévole. Même son de cloche chez Naceur Gomraci, qui voit entre 30 et 50 détenus par semaine et de manière bénévole. «Si l’approche de l’UVAM aboutit, dit-il, nous aurons une aumônerie professionnalisée et une bonne image auprès de différents services.» Bien que les musulmans du canton de Vaud soient conscients que le gros du travail repose sur eux, la route est encore longue. Mais elle n’est pas sans issue (apic/dng/ggc)

10 mai 2011 | 16:37
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Islam (393), Vaud (120)
Partagez!