Daniel Anrig, commandant de la Garde suisse pontificale
La sécurité passe d’abord par les hommes
Rome, 7 mai 2011 (Apic) Les deux missions principales de la Garde suisse pontificale sont la sécurité et les tâches de représentation, rappelle le commandant de la Garde Daniel Anrig. Dans une interview à l’occasion de l’assermentation de 34 nouveaux Gardes suisses le 6 mai, Daniel Anrig, en poste depuis deux ans, souligne qu’au-delà de la technique et des appareils, le garde doit savoir réagir correctement face à toutes les situations.
Anna Artymiak*
La traditionnelle formule du serment de la garde suisse «Acriter et fideliter» signifie que le service des gardes doit être accompli avec courage et fidélité. Comment un garde vit-il aujourd’hui cette devise ?
Daniel Anrig : A côté de son service de représentation, la Garde suisse a aussi la responsabilité de la sécurité de la personne du pape. Ces deux tâches ont toujours été celles de la Garde, depuis la fondation de ce corps en 1506 jusqu’à aujourd’hui. Pour assure la sécurité du pape il est nécessaire d’être doté d’une bonne dose de courage et d’abnégation.
Aujourd’hui la situation a un peu changée, mais parce que le pape vit et réalise son ministère dans notre monde, ces deux qualités sont toujours aussi importantes. «Acriter et fideliter» signifie qu’il est nécessaire d’agir dans notre service avec courage et rigueur, dans une loyauté et une fidélité extrême au Saint Père. Et il en a toujours été ainsi.
Quelles sont les autres valeurs que la garde incarne aujourd’hui ?
D.A. : Je pense qu’outre le courage et la fidélité, il faut aussi avoir le sens de la discipline, de l’humilité, de la camaraderie et d’amour du prochain. Ce sont toutes des valeurs qui servent non seulement lors du service dans le Palais apostolique,mais aussi dans la vie quotidienne de la caserne.
Avant de devenir commandant de la Garde suisse, vous avez été vous-même hallebardier de 1992 à 1994. Qu’est ce qui vous avait poussé à intégrer la Garde suisse ?
D.A.: Personnellement j’ai eu le sentiment d’une vocation pour service l’Eglise. Et cette Eglise pour moi s’identifiait avec la figure du Saint Père. Ma décision avait été aussi influencée certainement par le désir de vivre une nouvelle expérience hors de la Suisse.
Vous êtes depuis maintenant deux ans commandant de la Garde Suisse, quelles sont les perspectives d’avenir ?
D.A.: Dans notre monde actuel, la principale question est celle de la sécurité. Elle a pour la Garde une importance prépondérante par rapport aux tâches de représentation. C’est un défi que nous prenons très au sérieux. Sous cet aspect, je peux dire que mon expérience professionnelle antérieure de commandant de police en Suisse peut être utile
C’est pourquoi je garde mes yeux ouverts sur tous les problèmes qui arrivent et aussi sur tous ceux qui peuvent survenir un jour. C’est une responsabilité très précise pour la personne qui dirige ce corps et je souhaite à l’avenir m’investir encore plus pour la question de la sécurité.
Quelles nouvelles technologies estimeriez-vous utiles d’introduire à la Garde suisse ?
D.A.: Je suis toujours un peu sceptique quand on parle de nouvelles technologies. Naturellement elles peuvent nous servir dans notre travail, mais pour les questions de sécurité, la personne reste toujours la plus importante. Je pense par là que le Garde lui-même, en tant que personne concrète, peut garantir la sécurité et non pas les techniques ou les appareils. Aujourd’hui par exemple nous disposons de caméras, mais si on ne sait pas les utiliser de manière correcte et si on ne sait pas comment réagir de manière appropriée aux informations que nous recevons, elles ne servent à rien. C’est pourquoi je suis un commandant dont le devoir est d’instruire mes hommes à être des gardes, dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire être préparés à n’importe quelle situation.
A l’époque où vous étiez hallebardier, vous avez certainement connu le cardinal Ratzinger. Vous êtes devenu tout les deux des «chefs», lui comme pape et vous comme commandant de la garde. Comment était il comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et comment est-il aujourd’hui comme pape ?
D. A.: Lorsque que je l’ai rencontré dans les années 90, je n’étais qu’un tout jeune garde. Je le saluais toujours. Il nous apparaissait à tous comme une personne très humble et d’une profonde sagesse. Les plus jeunes gardes étaient très impressionnés par lui. A ce cardinal, on parlait toujours avec une grande estime et un grand respect. Et lui-même rencontrait les gardes avec une grande cordialité.
Aujourd’hui il est naturellement tout autrement. Nous nous rencontrons d’une autre manière. Mais certainement que même en tant que pape, il est resté la même personne que j’avais connue. Chacun qui le rencontre l’apprécie totalement, car on remarque immédiatement sa grande personnalité, non seulement par son intelligence théologique, mais aussi par la chaleur qu’il dégage. Tous éprouvent cette même sensation. J’ai en outre le bonheur de le rencontrer plus souvent que d’autres.
Daniel Rudolf Anrig a été nommé commandant de la Garde suisse pontificale par Benoît XVI le 19 août 2008. Agé de 38 ans, ce père de famille originaire du canton de Saint-Gall a remplacé Elmar Mäder, démissionnaire après 6 ans passés à la tête de l’armée du plus petit Etat du monde.
Daniel Anrig, après des études de juriste à Fribourg, et une carrière militaire jusqu’au grade de capitaine, a été commandant de la police cantonale de Glaris de 2002 à 2006. Il avait passé deux ans comme hallebardier à la Garde suisse pontificale, entre 1992 et 1994.
*Anna Artymiak est correspondante au Vatican pour l’agence de presse catholique brésilienne Gaudium Press à Sao Paolo. L’interview complète a d’abord paru en portugais.
(apic/gaudium press/mp)