Fribourg : Michael Lonsdale, alias Frère Luc, était de passage à Fribourg
Plus de 250 participants au spectacle «Eaux Vives»
Fribourg, 30 avril 2011 (Apic) Plus de 250 personnes ont pris place dans les bancs de l’église du Christ-Roi, samedi soir 30 avril, pour le concert « Eaux Vives », avec pour principal récitant l’acteur Michael Lonsdale. Il a été accompagné par la comédienne Odile Samoël, le baryton Bernard Masson, le percussionniste Eric Sanarens et le Père Vincent-Marie à l’orgue.
Le spectacle « Eaux Vives » est composé d’une succession de textes profanes et sacrés, accompagnés de percussions, de musique d’orgue et de chants lyriques. La pluie racontée par Jacques Prévert dans « Rappelle-toi Barbara », le don de Dieu rappelé par la Bible ou encore les dangers qu’elle fait encourir lorsqu’elle dévale en trombes : le thème de l’eau a été conjugué sous ses formes les plus diverses durant la soirée.
Les poèmes de Baudelaire, Prévert, Hugo, Claudel et des œuvres de nombreux autres auteurs religieux ou profanes, ont été soutenus par des morceaux d’orgue et des œuvres lyriques de plusieurs compositeurs, notamment des romantiques comme Ravel et Schubert.
C’est dans un silence quasi religieux que l’assemblée, visiblement composée en majorité de paroissiens de Fribourg et environs, a goûté aux accents méditatifs de cette soirée. L’ambiance intimiste a été largement soutenue par la voix de patriarche de Michael Lonsdale. Et à n’en pas douter, une bonne part de l’assemblée est surtout venue voir de près cet acteur récompensé récemment d’un César pour sont interprétation de Frère Luc dans le film « Des hommes et des dieux », qui raconte l’engagement et le martyre des moines de Tibhirine.
Déjà durant la matinée, lors d’une séance de dédicaces à la Librairie St-Paul, une file d’attente s’était formée dès l’arrivée de l’acteur. Michael Lonsdale, avec ses allures de sage ou de patriarche, prend son temps, discute avec ses interlocuteurs, répond patiemment à leurs questions et accueille avec beaucoup d’intérêt leurs points de vue – toujours positifs – sur le film « Des hommes et des dieux ». « Ca fait drôle de le voir en vrai quand on ne l’a vu qu’au cinéma », chuchote dans la file un de ses admirateurs. « Quoi ? Il a aussi joué dans un James Bond ? », s’étonne un jeune. Visiblement, la plupart de celles et ceux qui sont présents ce matin ont plutôt en tête son interprétation de Frère Luc.
Un acteur engagé dans le mouvement charismatique
Depuis 1987, l’acteur s’est engagé dans le mouvement charismatique catholique et vit ouvertement sa foi. Ses nombreux engagements ne lui permettent pas de prier chaque jour comme il le souhaiterait, mais il cherche par toutes les occasions à partager sa foi, avec le public, avec les gens qu’il rencontre sur son chemin, y compris ses collègues comédiens. « La religion est devenue la part essentielle de ma vie », affirme-t-il ouvertement. Ajoutant : « Mais elle est intimement liée aux deux autres composantes de mon existence, le cinéma et la peinture. L’expression artistique est un don de Dieu ».
Interview express
Entre répétition, mise en place, essais de micro, sollicitations pour un entretien personnel et spectacle, Michael Lonsdale a accepté de s’assoir quelques instants sur un banc de l’église du Christ-Roi pour répondre aux questions de l’Apic.
Apic : Avec cette foi chrétienne que vous affichez, comment êtes-vous perçu dans le milieu du spectacle ?
Michael Lonsdale : Il y a 20 ans, lorsque je parlais de Dieu, cela passait plutôt mal. Mais les choses ont bien changé, c’est devenu très différent. Les gens sont beaucoup plus à l’écoute de tout ce qui touche à Dieu et à la foi. Certains acteurs en recherche se sont convertis au bouddhisme par exemple, d’autres accomplissent un parcours dans une foi différente.
Apic : Que représente pour vous le pape Jean Paul II qui est actuellement béatifié ?
ML : Il était un homme très bon et un véritable rassembleur. Il a été comédien dans sa jeunesse, ce qui l’a beaucoup aidé dans ses relations. Cela lui a donné une certaine aisance et une grande facilité de contact. Je l’ai rencontré une fois, lorsque nous donnions un spectacle sur Sainte Thérèse dans la cour du palais de Castel Gandolfo. Il nous a tous reçus et a prononcé quelques paroles à chacun de nous. Il nous a aussi serré la main. La sienne était très douce et très chaleureuse.
Apic : Vous engageriez-vous en faveur de la canonisation des moines de Tibhirine ?
ML : Je ne sais pas, la question ne s’est encore pas posée pour moi. Mais il est vrai que ce serait une véritable reconnaissance par l’Eglise de leur formidable engagement et surtout de leur martyre.
Apic : Le rôle de Frère Luc, ce moine de Tibhirine que vous avez incarné et qui vous a valu un César, constitue-t-il une forme d’aboutissement de votre carrière d’acteur ?
ML : Je ne dirais pas un aboutissement, mais une étape importante. Ce rôle a fortement augmenté mon bonheur d’être comédien.
Apic : Votre filmographie est impressionnante, à 80 ans vous enchaînez au moins un film par année, sans parler des tournées de spectacle. Qu’est-ce qui vous fait encore courir ?
ML : Le plaisir tout simplement. Tant que je ressens du plaisir dans ce que je fais, je continue.
(apic/bb)