Un charisme à remettre en valeur

Einsiedeln : L’Abbé Martin Werlen plaide pour la redécouverte de la «paternité spirituelle»

Einsiedeln, 21 avril 2011 (Apic) Mgr Martin Werlen, Abbé d’Einsiedeln, plaide pour une redécouverte de la «paternité spirituelle» dans l’Eglise. Cette démarche est nécessaire parce que l’Eglise a beaucoup contribué à l’usage «inflationniste» du titre de père, de sorte que le vrai sens de la paternité, ou de la maternité spirituelle, s’est perdu. Pour Mgr Werlen, cette paternité repose essentiellement sur un charisme.

L’utilisation du titre de «Père» pose un grand défi pour l’Eglise, écrit l’Abbé d’Einsiedeln dans une contribution à la revue catholique internationale «Communio»*. Car le père n’est pas seulement «celui monte sur le trône de Pierre». Mgr Werlen décrit d’abord l’essence de la paternité spirituelle selon la Bible et la tradition. Il montre que le père spirituel se place totalement dans la suite de Jésus. Il n’est pas un «gourou». Le sens de la paternité spirituelle n’est en aucune sorte une dépendance mais la «possibilité d’une vie nouvelle». La paternité spirituelle veut aider l’autre à trouver «la vie en abondance». Elle n’est pas une institution, mais un charisme, un don du Saint-Esprit.

Pas une question de sexe

Mgr Werlen remarque que dans la tradition. on ne parle que rarement de maternité spirituelle. Ce qui est surprenant car dans l’évangile il est explicitement question de maternité et non pas de paternité spirituelle : «Celui qui fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère.» (Mc 3, 35)

Il ne s’agit donc pas d’une question de sexe, mais de suite de Jésus. A partir d’une base christocentrique, il ne faut pas tomber dans une structure patriarcale marquée culturellement et tenter de la justifier théologiquement. La méditation de la Bible et de la tradition peut aider à sortir des étroitesses liées à la culture, poursuit Mgr Werlen.

Le danger d’une «sur-institutionalisation»

Mgr Werlen relève le risque de sur-institutionalisation au sein de l’Eglise occidentale. On devient «père» du jour au lendemain par l’ordination sacerdotale. Ainsi le fondement charismatique de la paternité se perd totalement. «Dans l’Eglise nous nous appelons trop vite père et nous nous laissons trop vite appeler père.»

On ne devient pas père ou mère spirituelle de soi-même, mais parce que des personnes poussées par l’Esprit-Saint vous le demandent. Pour Mgr Werlen, cette paternité spirituelle n’est pas liée à la prêtrise. Pour saint Benoît, on ignore par exemple si son père spirituel était prêtre ou pas.

Parce que de jeunes sont sensibles à la signification de la paternité ou de la maternité spirituelle, l’Eglise a la chance de redécouvrir et de revivre ce charisme.

Une tradition antique

La tradition chrétienne du guide spirituel remonte aux premiers moines et moniales qui se sont retirés des grandes villes d’Egypte au IVe siècle pour se retrouver seul à seul avec Dieu, au désert. Rapidement des jeunes sont venus chercher conseil auprès de ces anciens expérimentés dans la prière, l’ascèse et le combat spirituel et qui pouvaient leur servir de guide dans la recherche de la vie évangélique. Un siècle plus tard, le monachisme occidental qui s’est développé autour de saint Benoît a également repris ce ministère. Au cours de l’histoire, cette pratique a connu de grandes floraisons, mais aussi des périodes d’oubli. En Occident, elle a surtout persisté à travers les ordres monastiques et les congrégations religieuses. (apic/kipa/mp)

La contribution de Mgr Werlen est parue dans le No 5/2009 de la revue catholique internationale Communio (mais sortie de presse seulement à la mi-2010) (apic/kipa/mp)

21 avril 2011 | 10:58
par webmaster@kath.ch
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