Pakistan: Controverse autour du siège vacant de Shahbaz Bhatti
Un hindou ou un chrétien au Parlement?
Islamabad, 5 avril 2011 (Apic) L’attribution du siège vacant au Parlement pakistanais, suite à l’assassinat de Shahbaz Bhatti, ministre chargé des Minorités religieuses, crée la controverse dans le pays, a rapporté l’agence missionnaire Fides, le 5 avril 2011.
Selon le règlement en vigueur, en cas de vacance d’un siège, succède le premier dans la liste des non élus. Le premier nom est celui du responsable hindou Khatu Mal Jeewan, alors que le deuxième en lice est le catholique Javed Michael. Dans un premier temps, la Commission électorale a attribué le siège à Javed Michael, parce que Khatu Mal Jeewan est déjà sénateur. Cependant, le sénateur hindou a déclaré vouloir occuper le poste qui lui revient à l’Assemblée nationale. Il a alors démissionné de son siège au Sénat. La Commission électorale doit dès lors se prononcer sur le cas. Selon des sources de Fides au Pakistan, l’affaire peut finir en un recours de nature légale.
Une manœuvre politique
Selon Fides, l’attitude de Khatu Mal Jeewan, d’accepter une charge moins prestigieuse, est une manœuvre politique du «Pakistan People’s Party», le parti actuellement au gouvernement. Ainsi, le siège laissé vacant au Sénat serait occupé par un candidat proche du président Asif Zardari. En tant que membre de l’Assemblée nationale, Khatu Mal Jeewan peut être ensuite nommé ministre fédéral pour les Minorités religieuses, à la place de Shahbaz Batti, dont il reprendrait le portefeuille et les fonctions.
«Les chrétiens perdraient ainsi un siège au Parlement», a déploré un prêtre local. Selon Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission Justice et Paix des évêques pakistanais, la controverse fait partie des «jeux politiques qui, souvent, ne prennent pas en considération le bien du pays».
Paul Bhatti, actuel «Conseiller spécial» du premier ministre pour les Affaires des minorités, a confirmé à Fides avoir accepté cette charge seulement lorsque le premier ministre lui a promis les fonctions, le budget et le bureau du ministre décédé. Car «la capacité politique effective de pouvoir œuvrer en faveur des minorités religieuses au Pakistan» était garantie. (apic/fides/ggc)