La RKZ critique sévèrement le sondage mené par Kipa

Zurich: La RKZ opposée à un «impôt de mandat» pour remplacer l’impôt ecclésiastique

Zurich, 3 avril 2011 (Apic) La Conférence centrale catholique-romaine de Suisse (CCCRS/RKZ) est opposée à l’introduction d’un «impôt de mandat» pour remplacer l’impôt ecclésiastique. Dans une prise de position, Daniel Kosch, secrétaire général de la CCCRS (plus connue sous son acronyme alémanique RKZ) critique sévèrement le sondage à ce sujet réalisé par Kipa, la rédaction alémanique de l’Apic.

Ce sondage a été mené auprès d’une centaine de personnes – catholiques, réformées et n’appartenant pas à une des Eglises reconnues – dans les villes d’Aarau, Bâle, Lucerne et Zurich. Pour Daniel Kosch, ce sondage relève du travail «d’amateur».

Une idée répandue depuis Coire par le très conservateur Martin Grichting

Selon cette enquête de Kipa, dont les résultats ont été publiés le 31 mars, si le peuple suisse était consulté aujourd’hui sur l’abolition de l’impôt ecclésiastique au profit d’un «impôt de mandat», le résultat serait vraisemblablement assez serré. «Non seulement les personnes éloignées des Eglises, mais aussi beaucoup de catholiques jugent positivement l’introduction d’un ›impôt de mandat’», pouvait-on lire.

En février, dans une interview, Martin Grichting, le très conservateur vicaire général du diocèse de Coire, s’était exprimé en faveur de l’abolition des impôts ecclésiastiques et de l’introduction d’un «impôt de mandat» selon le modèle italien. Les institutions de droit ecclésiastique font apparaître «un deuxième pôle de pouvoir» dans l’Eglise catholique en Suisse, avait-il affirmé, estimant de plus que ces structures portaient atteinte à la liberté religieuse de l’Eglise catholique.

Les corporations ecclésiastiques ont d’emblée combattu l’»impôt de mandat»

Les corporations ecclésiastiques à divers niveaux ont d’emblée combattu ce modèle, y voyant «une attaque frontale contre les structures ecclésiastiques démocratiques». Le nouvel évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür, a également déclaré fin mars lors de l’assemblée du Synode cantonal à Soleure que le diocèse de Bâle n’était pas intéressé à un «impôt de mandat» tel que le propose Martin Grichting.

Daniel Kosch relève que le quotidien de boulevard «Blick» a repris le 1er avril – «avec délectation» et naturellement de façon sélective – ce sondage de Kipa. Selon les sous-titres de l’article de l’agence de presse catholique, on pouvait lire que «le système actuel (des impôts ecclésiastiques, ndr) avait massivement perdu de l’appui» et que les catholiques perdaient leur relation avec l’Eglise locale et cantonale.

Le quotidien de boulevard sous-entend que les «fonctionnaires d’Eglise» veulent étouffer le débat sur l’»impôt de mandat», tout en laissant entendre que le système actuel des impôts ecclésiastiques viole la liberté religieuse.

Il faut mener le débat de manière objective

Le secrétaire général de la RKZ estime qu’il ne faut pas étouffer les discussions sur le financement de l’Eglise, mais qu’il faut mener le débat de manière objective. Pour lui, ce débat existe déjà de façon vive et pas seulement en Suisse, mais également en Allemagne ou en France – que ce soit dans les médias, dans les milieux politiques, et au sein même de l’Eglise. Pour les Eglises, poursuit-il, ce débat est une chance de rendre visible ce pourquoi elles ont besoin d’argent et d’où il vient.

«Etant donné que notre système d’impôts ecclésiastiques est transparent et légitimé démocratiquement, et comme personne n’est obligé de payer des impôts ecclésiastiques contre sa volonté, les paroisses, les Eglises cantonales et la RKZ ne devraient pas avoir peur de cette discussion», poursuit Daniel Kosch. Car, contrairement à ce que prétend le journaliste du «Blick», la liberté religieuse est pleinement respectée. En ce qui concerne les impôts ecclésiastiques, ce sont les membres de l’Eglise eux-mêmes qui apportent l’argent, pas l’Etat.

Daniel Kosch estime plutôt assez osé d’écrire que l’»impôt de mandat» aurait des chances devant les urnes et de laisser entendre que ce serait facile de faire voter à ce sujet. Le secrétaire général de la RKZ se demande comment la question a été posée aux passants dans la rue, ce qui leur a été demandé et ce qui ne leur a pas été demandé. En effet, l’»impôt de mandat» serait un impôt que tout le monde devrait payer, que le contribuable appartienne ou non à une Eglise.

De l’eau au moulin de ceux qui veulent affaiblir la position de l’Eglise dans la société

De plus, ce nouveau type d’impôt ne serait envisageable qu’à la condition qu’il soit introduit au plan fédéral. Ce serait en contradiction avec une tradition vieille de plusieurs siècles, qui veut que les relations entre l’Eglise et l’Etat soient réglées au plan cantonal. Et de relever que cela surviendrait à une époque où la distance entre les gens et l’Eglise grandit et dans un pays où plusieurs cantons ne connaissent pas l’impôt ecclésiastique.

Il estime que l’on ne peut pas être plus éloigné de la réalité quand on prétend vouloir introduire par une initiative populaire un nouvel impôt religieux dans ce contexte, et à une époque où l’on entend partout au parlement des appels à baisser les impôts. Il relève que les promoteurs de cette idée d’»impôt de mandat» – et ceux qui répandent cette idée dans les médias – devraient se demander s’ils n’apportent pas de l’eau au moulin de ceux qui veulent affaiblir la position de l’Eglise dans la société.

Poser des questions précises, en mentionnant les conséquences

Daniel Kosch estime qu’il est facile d’obtenir une approbation chez les personnes qui ne connaissent pas grand-chose au système si on leur propose dans le sondage de Kipa qu’ils pourraient choisir où l’on investirait leurs impôts, et que l’on ajoute encore que cela fonctionne bien dans d’autres pays et que c’est également moins cher pour le contribuable.

Mais si on leur disait en plus que l’»impôt de mandat» dans l’Eglise catholique serait directement administré par l’évêque, que les corporations ecclésiastiques (paroisses et Eglises cantonales) seraient abolies et que les laïcs n’auraient plus droit à la parole lors de la répartition de l’argent, que diraient-ils ? Et Daniel Kosch de se demander si une majorité était vraiment d’avis que l’argent arrive «en haut» chez la hiérarchie, et ne soit pas administré «en bas» démocratiquement.

Une étude du Fonds national suisse (FNS) de la recherche scientifique menée l’an dernier montre que si on les questionne de façon objective sur le financement des Eglises, les gens ont une toute autre position. Ainsi, l’on y apprend que la population est prête à payer en moyenne entre 300 à 500 francs par année à l’Eglise, et cela pas seulement pour ses activités sociales, mais aussi pour ses activités pastorales et de conseil, les célébrations eucharistiques et autres. Et de façon étonnante, cet avis est partagé non seulement par des personnes engagées dans l’Eglise, mais même par de nombreuses personnes sans confession.

(*) Les recettes d’un «impôt de mandat» qui concernerait tous les contribuables, indépendamment de leur religion ou de leur appartenance confessionnelle, iraient, du côté catholique, directement aux diocèses. Les collectivités ecclésiastiques locales et cantonales n’auraient plus rien à dire et ne pourraient plus assumer de nombreuses tâches. Toutes les instances spécialisées seraient remises en question et une grande partie du travail bénévole risquerait de disparaître, estime Hansjörg Brunner, président du Conseil synodal catholique-romain du canton de Soleure. (apic/dk/be)

3 avril 2011 | 16:45
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
Daniel Kosch (26), RKZ (111)
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