Une «réelle et unique» autorité religieuse

Algérie: Bientôt une maison de la fatwa et un mufti pour émettre des avis religieux

Alger, 30 mars 2011 (Apic) Le gouvernement algérien va créer une maison de la fatwa (décret religieux), qui sera dirigée par un mufti de la République, chargé d’émettre un avis religieux comme il en existe partout ailleurs dans le monde arabe, a annoncé le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghoulamallah, cité par le quotidien algérois, «La Tribune», le 27 mars 2011.

L’Algérie ne possède pas de mufti, contrairement aux autres pays arabes, qui en ont depuis plus d’un demi-siècle. Le pouvoir d’émission des avis religieux algériens est partagé entre l’administration et un conseil d’oulémas (théologiens), choisis par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. Le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs (biens religieux) a, entre autres attributions, la mission «d’éliminer les sources de compréhension erronée de l’islam et les causes qui ont retardé l’épanouissement de ses valeurs fondamentales».

Le président Bouteflika est personnellement en charge du dossier. Il désignera un mufti de la République dans le cadre des réformes politiques annoncées, en son nom, par un proche conseiller, à Mostaganem, le 19 mars dernier, a souligné Bouabdallah Ghoulamallah, devant les sénateurs. Ce futur mufti de la République sera placé sous l’autorité du chef de l’Etat, puisque sa fonction sera une «institution présidentielle», a-t-il précisé. Il permettra à l’Algérie, de se mettre à niveau sur le plan religieux, avec les autres pays arabes, en se dotant d’une «réelle et unique» autorité religieuse en matière de fatwas coraniques.

Laissé en jachère

Toujours selon «La Tribune», «le champ de l’avis religieux qui fait autorité, avait été pratiquement laissé en jachère depuis l’indépendance du pays». La mission d’éclairer la foi et la pratique religieuse musulmane est confiée, conjointement ou alternativement, au ministère des Affaires religieuses et au Haut-Conseil islamique.

Depuis 2003, la nécessité de créer une maison de la fatwa dirigée par un mufti revenait sans cesse dans les débats, afin de mettre fin à la «faiblesse» de la régulation institutionnelle de l’islam et à «l’incapacité» de la société et de l’université algériennes, à produire des systèmes de références religieuses «attractifs (…)».

La prérogative du futur mufti sera de «relever et combattre la falsification, la déformation ou l’excès, susceptibles d’entacher la compréhension des préceptes de l’islam en Algérie, au moment où le sentiment et la pratique religieux se sont considérablement accrus dans le pays, alors que les fidèles sont incapables de citer le nom d’un seul imam algérien, qui aurait fait autorité en matière de théologie». (apic/ibc)

30 mars 2011 | 17:27
par webmaster@kath.ch
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