Tunisie: Le débat autour de la laïcité dans la nouvelle Constitution fait rage
Des manifestations et des réflexions à l’ordre du jour
Tunis, 27 mars 2011 (Apic) La question de la laïcité est au centre d’un débat entre partisans et opposants, dans les forums politiques et sociaux en cours dans le pays, en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution, après le renversement, le 14 janvier 2011, du régime du président Ben Ali par une révolte populaire, a rapporté le quotidien tunisien «La Presse», le 26 mars 2011.
Selon «La Presse», à l’origine de cette polémique, l’acharnement des opposants à laïcité, qui considèrent comme une atteinte à la religion, le fait de tenir l’Etat à l’écart. Le journal estime que la séparation entre l’Etat et la religion ne signifie en aucun cas, une hostilité à la religion. Au contraire, cette séparation est le seule à pouvoir garantir la «stricte égalité» entre les croyants, les non croyants et partisans de telle ou telle autre forme de spiritualité.
«La laïcité, poursuit le quotidien, garantit à tous la liberté de s’informer, de réfléchir, de se forger une opinion, d’avoir ou non des convictions, d’intégrer ou non une secte ou une religion et d’exercer les rituels conséquents, sans rien vouloir imposer quoi que ce soit. Elle garantit aussi le respect de ceux qui pensent différemment et qui demandent uniquement de laisser de la place à la différence et à la diversité».
Il y a une semaine, deux manifestations, l’une de partisans de la laïcité, et l’autre des anti-laïques, ont eu lieu à Sfax, deuxième ville et centre économique du pays, située à environ 270 kilomètres à l’Est de Tunis, la capitale. Les partisans de la laïcité, qui manifestaient devant l’Hôtel de Ville, appelaient à l’adoption d’un «régime politique laïque», alors que leurs adversaires demandaient de «préserver l’identité arabo-musulmane de la société tunisienne».
Un séminaire sur le sujet
A l’issue d’un séminaire sur «l’indépendance de la sphère publique par rapport à la norme religieuse», les 20 et 21 mars derniers à Tunis, de nombreuses voix de la Société civile tunisienne se sont élevées pour demander l’instauration d’un état laïque. Ce séminaire a permis de montrer la nécessité «d’une prééminence des valeurs universelles», a expliqué Kamel Jendoubi, président du Réseau euro-méditérranéen des droits de l’Homme (REMDH), cité par le site tunisien www.kapitalis.com.
Dans un communiqué commun publié à l’issue du séminaire, le REMDH et la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) ont précisé que, par laïcité, il fallait entendre «un ensemble de valeurs parmi lesquelles, le respect de la liberté absolue de conscience». De son côté, Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits l’Homme (LTDH) a appelé à une séparation entre la religion et l’Etat, et à tenir les mosquées, qui sont «un espace citoyen», loin de toute campagne électorale. «Il est nécessaire de mieux expliciter la notion de la laïcité», a souligné pour sa part, Khedija Cherif, secrétaire générale de la FIDH.
Le séminaire était organisé par la Société civile tunisienne, en collaboration avec les réseaux actifs dans le domaine des droits de l’Homme établis à l’étranger, tels que la FIDH, le REMDH et leurs organisations membres en Tunisie (LTDH, CNLT, ATFD et le collectif Maghreb Egalité. (apic/ibc)