Strasbourg : L’Italie pourra garder les crucifix dans les salles de classe
Les Conférences épiscopales européennes saluent la décision
Strasbourg, 19 mars 2011 (Apic) La Cour européenne des droits de l’homme a estimé, vendredi 18 mars, que la présence d’un crucifix dans une salle de classe ne violait pas le droit à une instruction neutre. Le cardinal Péter Erdő, président du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe, a qualifié cette décision de « signe de bon sens, sagesse et liberté ».
La décision rendue vendredi 18 mars par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) était particulièrement attendue dans la péninsule italienne, mais aussi dans tous les pays qui, de l’Autriche à la Russie, s’étaient émus de la condamnation, en 2009, de l’Italie dans «l’affaire Lautsi», rapporte le quotidien français « La Croix » dans son édition du 19 mars.
En 2009, un premier jugement de la CEDH avait conclu, à l’unanimité de ses sept juges, à la violation par l’Italie de l’article 2 du protocole n° 1 – sur le droit à l’instruction – de la Convention européenne des droits de l’homme. La décision avait suscité un tollé non seulement en Italie mais dans de nombreux pays européens, Rome avait obtenu le renvoi de l’affaire en appel devant la Grande Chambre, la plus importante formation (avec 17 juges) de la CEDH.
Celle-ci a donc tranché vendredi après-midi: si le crucifix est bel et bien un symbole religieux, il n’y a pas «d’éléments attestant l’éventuelle influence que l’exposition sur des murs de salles de classe d’un symbole religieux pourrait avoir sur les élèves», estime-t-elle. Avant de conclure, rappelle La Croix: «on ne saurait donc raisonnablement affirmer qu’elle a ou non un effet sur de jeunes personnes, dont les convictions ne sont pas encore fixées».
Un espoir pour tous les citoyens de l’Europe
Dans un message diffusé dans la soirée du 18 mars, le cardinal Péter Erdő, archevêque de Esztergom-Budapest et président du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE), a exprimé sa « satisfaction » face à ce jugement. « Aujourd’hui une page d’histoire a été écrite », a-t-il déclaré. « Un espoir est né non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les citoyens de l’Europe, croyants et laïques, qui avaient été profondément blessés par le jugement du 3 novembre 2009 et qui sont préoccupés face à des procédures qui tendent à effriter une grande culture comme la culture chrétienne et, en fin des comptes, à miner sa propre identité », a ajouté le président du CCEE. « Sans le crucifix, l’Europe que nous connaissons aujourd’hui n’existerait pas. Voilà pourquoi ce jugement est avant tout une victoire pour l’Europe », a estimé le cardinal Erdő.
Satisfaction de l’Italie et du Vatican
Par la voix de son ministre des affaires étrangères, l’Italie a accueilli cette décision «avec une grande satisfaction». «Aujourd’hui c’est le sentiment populaire de l’Europe qui a vaincu, parce que la décision se fait l’interprète avant tout de la voix des citoyens qui défendent leurs propres valeurs et leur propre identité», s’est réjoui Franco Frattini dans un communiqué.
De son côté, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, a souligné que le Vatican accueillait «avec satisfaction» cette décision «qui marque l’histoire». Selon lui, cette sentence «contribue efficacement à rétablir la confiance dans la Cour européenne des Droits de l’Homme de la part d’une grande partie des Européens, convaincus et conscients du rôle déterminant des valeurs chrétiennes dans leur propre histoire, mais aussi dans la construction européenne». (apic/com/lacroix/bb)