Berne: Assemblée générale de l’Association suisse des journalistes catholiques
André Kolly et Walter Buchs nommés membres d’honneur de l’ASJC
Berne, 5 mars 2011 (Apic) «Je suis persuadé que notre société a toujours davantage besoin de l’apport des journalistes catholiques dans un monde médiatique toujours moins diversifié», a lancé samedi 5 mars à Berne le journaliste Maurice Page. Le président de l’Association suisse des journalistes catholiques (ASJC) s’adressait à la vingtaine de participants à la traditionnelle Assemblée générale de l’ASJC.
L’Association accueillait cette année deux nouveaux membres d’honneur blanchis sous le harnais, et qui plus est Fribourgeois: André Kolly, directeur du Centre Catholique de Radio et de Télévision (CCRT) à Lausanne entre 1988 et 2009, et Walter Buchs, journaliste – dans quelques semaines à la retraite – du quotidien du Fribourg alémanique, les «Freiburger Nachrichten» (FN).
«Briser la méfiance congénitale entre l’Eglise et les médias»
Durant sa chaleureuse «laudatio» pour le nouveau membre d’honneur, le Père Albert Longchamp a relevé que les orientations d’André Kolly «changent aujourd’hui de cap», mais elles ne changent pas pour autant de contenu. «Tu vas continuer de pourchasser la ›vérité-perroquet’, l’agenouillement devant le monstre obséquieux dénommé ›Autorité’» André, a-t-il lancé en soulignant sa passion de la communication et de la rigueur de l’information, «tu représentes une haute idée de notre métier !» Le Père Longchamp a encore relevé la volonté d’André Kolly de «briser la méfiance congénitale entre l’Eglise et les médias».
Saluant pour sa part la longue carrière de Walter Buchs – qui fut le premier administrateur de l’agence Apic, de 1973 à 1978, en charge du Secrétariat de la presse catholique, mais également président de l’Association Catholique Suisse pour la Presse (ACSP) (anciennement Ligue catholique suisse pour la presse – LCSP), Georges Scherrer a souligné l’engagement de ce rédacteur hors pair en faveur de l’information catholique. Walter Buchs a dirigé quelques années les FN au poste de rédacteur en chef.
Deux jeunes journalistes à l’honneur
A l’occasion de l’assemblée, les Prix médias 2011 pour jeunes journalistes, d’un montant de CHF 1’000.– chacun, ont été remis à deux jeunes femmes, Carmen Epp, rédactrice à l’hebdomadaire uranais «Urner Wochenblatt», édité à Altdorf, et à Laure Gabus, rédactrice à la «Tribune de Genève». Carmen Epp décrit avec beaucoup de sensibilité l’histoire d’une mère de famille élevant seule son enfant dans une situation de grande précarité.
Laure Gabus illustre avec engagement la difficile situation des étudiants universitaires cherchant un logement à Genève et cibles d’escrocs qui les ciblent sur internet. Laure Gabus, dans une lettre à l’ASJC, s’est dit très touchée par cette marque de reconnaissance «alors que je débute à peine comme journaliste». «C’est un grand témoignage de confiance !», écrit cette journaliste stagiaire qui a fait un master en études internationales.
Réélection des membres du comité pour une période de trois ans
Le président Maurice Page a souligné que l’association recherchait pour son comité de nouveaux membres venant de Suisse alémanique, car le seul venant de cette région, Balz Röthlin, a donné sa démission pour raison de santé. Les autres membres du comité ont été réélus à l’unanimité pour une nouvelle et dernière période de trois ans.
Il s’agira, pour le Comité, non seulement de trouver de la relève ces prochaines années, mais également de faire face au déficit structurel qui menace toujours l’existence de l’Association: si les cotisations des membres (57 en Suisse latine, essentiellement en Romandie, et 51 en Suisse alémanique) et les dons restent quasiment stables (près de CHF 6’300.–), les coûts administratifs, même s’ils ont été abaissés, sont toujours supérieurs de près de CHF 2’000.– aux recettes.
L’ASJC doit donc faire face à un déficit structurel qui aura fini de faire fondre sa fortune en trois ans ! Il est donc nécessaire d’agir sans attendre, a fait savoir l’assemblée. Qui a estimé nécessaire que la communication de l’Association soit quelque peu «boostée», notamment par une page internet, indispensable par exemple pour solliciter des sponsors. Notons que la cotisation de soutien 2011 pour l’Union catholique internationale de la presse (UCIP) a été suspendue en raison notamment de la grave crise que traverse cette institution.
L’assemblée a également chargé le comité, qui est, en collaboration avec l’Association catholique suisse pour la presse (ACSP), en charge de la gestion du Fonds-du-Prélat-Meier, de veiller à ce que les placements financiers de ce Fonds soient faits selon des critères éthiques. Le Comité fera des propositions en ce sens lors de la prochaine assemblée générale. Le Fonds est notamment destiné à la promotion de la formation des journalistes catholiques.
L’abbé Michel Salamolard met en garde contre l’aide au suicide
En fin d’assemblée, les participants ont suivi l’exposé fouillé de l’abbé Michel Salamolard sur les dangers du suicide assisté. Il est l’auteur de l’ouvrage «L’incitation et l’aide au suicide – Le ›modèle’ suisse et la situation française» paru l’automne dernier aux Editions St Augustin, à Saint-Maurice (Suisse). Il a rappelé que l’incitation et l’aide au suicide ne sont pas interdites en Suisse «pour autant que celles-ci ne procèdent pas d’un motif égoïste».
Le prêtre valaisan a relevé que cette disposition du Code pénal suisse pose de nombreux problèmes, notamment lors d’interventions d’organisations d’aide au suicide, comme «Dignitas» ou «Exit», qui font la promotion du «tourisme de la mort», et provoquent par leur action un dangereux effet de contagion.
Michel Salamolard a mis en garde contre les risques de dérives – en mentionnant les personnes qui pourraient devenir des cibles de cette banalisation de la mort procurée, à savoir les plus faibles, les handicapés ou les pensionnaires des EMS, accusés de coûter cher à la société. Pour lui, il faut à tout prix éviter de créer une brèche dans la protection de ces personnes, car les organisations d’aide au suicide ont tôt fait de s’y engouffrer: «la prévention et la solidarité sociale sont ainsi affaiblies !» Le risque est là, dans la procédure de révision de l’article 115 du Code pénal suisse, que s’installe à cette occasion une véritable «culture de la mort» qui ne ferait que s’étendre comme une tâche d’huile. (apic/be)